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François-Michel
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La Parabole du pharisien et du publicain Empty La Parabole du pharisien et du publicain

Mar 26 Sep - 11:16
J'ai eu un échange avec René Gounon sur cette Parabole. Il s'inquiétait de la différence de présentation entre le pharisien décrit dans St Luc et celui décrit dans MV. Cette interrogation, qui peut se justifier, m'a poussé à approfondir le récit de MV. En voici les commentaires.

---------------Commentaires d’EMV 523 - Le pharisien et le publicain-----------------------


La parabole de l’Évangile est rapportée par Luc 18 9-14.

"À l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.” Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !” Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé."
Cette parabole présente un pharisien respectant scrupuleusement les préceptes, ce qui est positif, mais conscient de sa rectitude, il tient à le faire remarquer à Dieu en se distinguant des autres hommes voleurs, injustes et adultères et d’un collecteur d’impôts qui ne valait pas mieux.
Le terme "pharisien" veut dire "séparé" car c’était selon F. Josèphe "une secte des Juifs qui se croyait plus pieuse que les autres, et estimait plus exact sa manière d’expliquer les lois (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, I, V, 2) ". On voit que le pharisien de la parabole mérite bien son nom car il tient à ce qu’on le sépare du reste de l’humanité pécheresse.
Beaucoup de commentateurs ne trouvent là qu’un excès de confiance en soi et ont tendance à excuser ce réflexe trop humain pour se concentrer sur la repentance du publicain qui implore le pardon pour sa vie de pécheur. Cette clémence est confortée par le fait que Jésus ne condamne pas explicitement le pharisien, il dit seulement que seul le publicain fut justifié aux yeux de Dieu.

La parabole rapportée par Maria Valtorta (EMV 523.7/9) présente au contraire un pharisien hypocrite, âpre au gain et retords qui "n'était bon qu'en paroles et extérieurement alors qu'en son intérieur, il était l'ouvrier de Satan et faisait ses œuvres par orgueil et dureté de cœur, et Dieu le haïssait pour ce motif".
Ce portrait à charge est-il conforme à la parabole évangélique ?

L’autosatisfaction.
On peut être satisfait de plusieurs manières et toutes ne sont pas condamnables : St Paul dénonce à longueur de lettres les comportements répréhensibles et louange ceux qui sont irréprochables. Il se met souvent en avant et va jusqu’à dire "imitez-moi (1 Corinthiens 11,1)". Il se pose donc en modèle et en contraste avec les fautifs. Quelle différence y-a-t’il alors avec le pharisien de la parabole ? C’est que Paul manifeste un zèle évangélisateur et non une autosatisfaction méprisante. Il veut conduire les hommes non à l’admirer, mais à suivre Jésus. Il précise en effet : "imitez-moi comme moi aussi j’imite le Christ".

Maria Valtorta décrivait les dons de Dieu en elle, et pas n’importe lesquels :
"(Jésus) descendit en moi avec le Père et l’Esprit, chacun portant ses dons à la petite Maria" mais elle précise : "qui allait devoir affronter des épreuves toujours plus grandes et toujours plus dures (Autobiographie pages 127/128) ".
Elle ne se glorifiait pas à la manière du pharisien de la parabole, mais célébrait la magnificence de Dieu qui l’appelait à le suivre.
"Je ne m’enorgueillis pas de tant de grâces, je célèbre simplement les bontés du Seigneur en moi, parce qu’il y a lieu, me semble-t-il, de lui rendre un hommage de gratitude".

Ainsi donc, on peut célébrer le choix de Dieu sur nous, on peut "se séparer" des chemins de perdition, mais toujours en se situant comme la créature, non comme le Créateur. Le pharisien de la parabole idolâtre sa perfection, ce que ne font ni Paul , ni Maria Valtorta. Il juge et condamne, fonctions qui n’appartiennent qu’à Dieu. C’est pourquoi Jésus ne le justifie pas et, dans Maria Valtorta, dresse ce portrait à charge pour bien montrer ce qui se cache derrière les apparences.

Le pharisaïsme
Ce prototype de pharisien récapitule de nombreuses dénonciations de Jésus dans l’Évangile :

Le goût des apparences dans l’exercice de la religion :
"Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux Cieux" (Matthieu 6,1).
L’amour de l’argent :
"Quand ils entendaient tout cela , les pharisiens, eux qui aimaient l’argent, tournaient Jésus en dérision. Il leur dit alors : « Vous, vous êtes de ceux qui se font passer pour justes aux yeux des gens, mais Dieu connaît vos cœurs ; en effet, ce qui est prestigieux pour les gens est une chose abominable aux yeux de Dieu" (Luc 16,14-15).
L’inhumanité de ceux (ici les scribes) qui dépouillent les veuves et de ceux qui viennent déposer des grosses sommes d’argent au Temple, à la vue de tous :
"Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés." (Marc 12,38-44).

Si ces attitudes que résume si bien le pharisien de la Parabole, sont "haïes de Dieu" c’est parce qu’elles sont une barrière au Salut :
"Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le royaume des Cieux devant les hommes ; vous-mêmes, en effet, n’y entrez pas, et vous ne laissez pas entrer ceux qui veulent entrer !" (Matthieu 23,13).
Jésus justifie la pratique des préceptes, que suit le pharisien de la Parabole, et qu’ils enseignent, mais dénonce leur façon hypocrite de les vivre :
"(Jésus) déclara : "Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.  Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas". (Matthieu 23,2-3)".
Ce chapitre 23 de Matthieu, si virulent, comporte la même conclusion que la Parabole de Luc, preuve de leur rapprochement :
"Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé". (Matthieu 23,12)
"Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé". (Luc 18,14).
Des deux formulations, celle de Matthieu (lui-même publicain converti) semble la plus proche de celle de Maria Valtorta car Jésus y parle au futur :
"Celui qui s'exalte sera toujours, tôt ou tard, humilié. Si ce n'est pas ici, ce sera dans l'autre vie. Celui qui s'humilie sera exalté particulièrement là-haut au Ciel où on voit les actions des hommes dans leur véritable vérité" (EMV 523.9).
C’est donc bien le pharisaïsme qui est déclaré irrecevable devant Dieu car incompatible avec sa Loi qui réserve à Dieu le jugement et bannit l’orgueil, faute suprême de Lucifer.

La poutre qui est dans notre œil 
En commentant cette parabole, le P. François Bessonnet 
https://www.aularge.eu/blog/2014/03/29/rencontre-21-entre-un-gentil-mechant-et-un-mechant-gentil/ 
mettait en garde contre une lecture "pharisianophobe" qui porte si souvent le lecteur à juger que le pharisien honni c’est l’autre, celui qui ne pense pas comme lui, ne croit pas comme lui et ne vit pas si saintement que lui. Avertissement pastoral d’une grande pertinence tant ce réflexe est généralisé. Il rappelle de même que tous les pharisiens de l’Evangile ne sont pas exécrables. C’est donc bien le pharisaïsme que Jésus combat et non le pharisien.
Être convaincu d’être juste amène à se croire supérieur, à se glorifier en s’en attribuant les mérites, et à juger puis mépriser le différent. C’est le danger de l’orgueil qui sépare de "Dieu".

Le publicain.
L’autre, le différent, n’est pas nécessairement le mauvais comme nous l’apprend la foi du centurion (EMV 177 | Matthieu 8,5-13 | Luc 7,1-10), la parabole du bon samaritain (EMV 281 | Matthieu 25,14-30), ou l’épisode de la cananéenne (EMV 331 | Matthieu 15,21-28 | Marc 7,24-30).
Nous ne pouvons pas nous unir au Seigneur tant que nous ne nous ne prenons pas conscience de nos péchés "en pensée, en parole, par action ou par omission (Acte de contrition, ordinaire de la messe) " C’est ce que fait le publicain mais ne fait pas le pharisien.
Les publicains, collecteurs d’impôts pour le compte du pouvoir romain, n’étaient pas des anges. L’Évangile les assimile même aux païens (Matthieu 18,17). Mais de nombreux passages les désignent comme avides de la parole de Jésus :
"Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter." (Luc 15,1).
Avec les prostituées, il les désigne même comme supérieurs aux pharisiens parce qu’ils ont fait la volonté de Dieu :
"Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu (Matthieu 21,31)".
En effet, reconnaissant leurs péchés, ils se sont humiliés devant Dieu en acceptant le Baptême de Jean, que refusent les pharisiens imbus d’eux-mêmes (Luc 7,29). C’est là une clé de compréhension de cette parabole. Au contraire du pharisien de la Parabole, injustifié selon l’Evangile, haï de Dieu dans Maria Valtorta, Dieu est miséricorde :
"Le Seigneur est proche de ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en vérité (Psaume 144 (Hébreu 145) 18).

L’Évangile ne connaît nominativement que deux publicains : Matthieu (Lévi) et Zachée.
Matthieu, sous son apparence de pécheur public, avait un cœur si bien fait qu’il se lève aussitôt pour suivre Jésus (Matthieu 9,9).
L’autre, c’est Zachée. Il est présent quand Jésus dit cette Parabole (EMV 523.9) et son parcours ressemble beaucoup au publicain du récit détaillé de Maria Valtorta. Jésus va chez lui et la foule s’en offusque, mais Zachée témoigne d’un vrai repentir qu’ignore le pharisaïsme : "Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus (Luc 19,8 )".
André
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Lun 2 Oct - 23:46
PARABOLE DU PHARISIEN ET DU PUBLICAIN
En complément de ton excellent commentaire, cher François-Michel. 
https://youtu.be/MxbuQSvisVo?si=ZPJToDJ2V_5hj1DS

meloworld9289  Une fable est une fable, pas une parabole. Par exemple : vous nous racontez effectivement des fables, en prétendant que la parabole ( une parabole n'est pas une fable et réciproquement ) du pharisien et du publicain n'est pas la même dans l'EMV et dans les Evangiles canoniques.

Dans les deux cas, c'est le même qui se met en valeur, et le même qui s'humilie devant Dieu ;
Et dans les deux cas, c'est le même qui est renvoyé sans avoir été agréé,  et c'est le même qui est justifié.

L'Evangile n'est pas limité : il répond à toutes nos questions. L'EMV met ce principe en valeur :

- en effet, il n'y a pas forcément besoin d'être un très grand pécheur coupable, pour ressentir le besoin de s'humilier en présence de Dieu, devant qui même les anges ne sont pas sans tâche. "Si tu vois ton péché, tu vois ton Dieu" : les plus grands pénitents sont également les plus grands saints ici-bas.
Par exemple, Jean-Marie Vianney avait coutume de dire à l'adresse de ses paroissiens qui le prenaient déjà pour un saint : "Ah ! Si seulement les gens savaient qui je suis !... " sous entendu : "quel pécheur je suis".
Un jour, il demanda à Dieu de lui montrer sa misère comme Il la voyait avec son regard divin. Il fut exaucé un court instant, et crut mourir de honte et de douleur, témoignant plus tard que s'il avait su, il n'aurait jamais eu l'audace de demander cela.

- de même, ce ne sont pas seulement les orgueilleux qui se trouvent tellement vertueux à leurs yeux, et incomparablement meilleurs que les autres, qui sont renvoyés par Dieu sans justification, mais surtout et en tout premier ceux qui cachent derrière leur incroyable hypocrisie leurs crimes sans nom, tout en se disant à eux-mêmes : "Dieu ne voit pas, Il se cache la face et ne voit rien, mon crime restera caché à ses yeux".
Chez les premiers, il y a une grosse imperfection qui les privent déjà de la grace divine, et chez les seconds, leurs crimes crient d'autant plus vengeance devant la face du Dieu qui voit tout, qu'ils prétendent même   s'exempter de toute punition, et tromper Celui devant qui tout est à nu et à découvert !
Ce genre de pharisiens hypocrites dans leur pseudo vertu, et criminels dans leurs actes réels, tels que les décrit l'EMV dans la parabole, sont un condensé de tout ce que le Seigneur décrit de certains pharisiens dans les Evangiles canoniques :

- Hypocrites,
- semblables à des sépulcres blanchis,
- donnant l'apparence extérieure de la vertu, mais plein intérieurement de pourritures et d'ossements, ce qui désigne bien évidemment leurs vices et leurs crimes,
- toujours prêts à juger autrui sur des pailles, mais refusant de voir la poutre qui est dans leur œil,
- ennemis de Dieu en tout point,
- et vrais fils de Satan dont ils font les oeuvres, à défaut d'être fils d'Abraham car ne faisant pas ses œuvres à lui.

Bref : non seulement l'EMV n'annule pas la morale de la parabole du pharisien et du publicain, non seulement elle la complète en lui donnant une perspective encore plus large tout en lui restant fidèle, mais c'est tout l'Evangile qui y est contenu.

À tout cela, les durs d'oreille continueront à ne rien comprendre, mais qu'ils le sachent : c'est normal, et cela ne changera pas de sitôt. Dieu ne se révèle en effet pas facilement aux durs d'oreille.
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