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Elie Sorlin
Elie Sorlin
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D'un Jésus méconnu voir inconnu dans l'évangile valtortien Empty D'un Jésus méconnu voir inconnu dans l'évangile valtortien

Jeu 8 Aoû - 12:38
Dans un message précédent nous avons renvoyé le lecteur au puissant "logiciel de discernement" du penseur catholique Bruno Latour permettant de savoir si une innovation enrichit une tradition en lui étant fidèle dans son apparente infidélité ou si au contraire elle brise la chaine des transmissions, en lui abandonnant le soin de trouver lui-même ce fameux logiciel et cette clef herméneutique cachée dans la partie sociologique de son œuvre prométhéenne (Plus de 30 ouvrages dont certaines traduits dans des dizaines de langues).

L'évangile valtortien est par lui-même, à l'évidence, une innovation majeure dans la Tradition ecclésiale multiséculaire, son auteur étant le Logos en personne, du jamais vu dans l'Eglise depuis l'Ascension, outre le fait qu'il contient des innovations dont voici 2 exemples insignes:

Dans le Tome 4 de cet évangile non inspiré mais manifestement Révélé, à la date du 9 août 1945, en P. 150 on trouve un épisode, totalement inconnu de nos 4 évangiles canoniques, présenté ainsi dans la Table des chapitres en page 8: A Bethléem de Galilée. Jugement après un homicide et parabole des forêts pétrifiées.

Le récit s'étale des versets 248.1 à 249.1 couvrant très exactement 12 pages. Nous ne les citerons pas, laissant les lecteurs se pencher attentivement sur elles. En les résumant succinctement on y voit Jésus au début de son ministère, accompagné de sa mère et de plusieurs de ses premiers disciples, faire une sorte de petit pèlerinage émouvant à Bethléem. Tout y commence tranquillement par la rencontre de plusieurs bergers de la nuit de Noël, ayant évidemment grandis et pris de la bouteille comme on dit. Marie est ravie que certains la reconnaissent avec affection et vénération. Un jeune berger à peine plus âgé que Jésus lui-même crie: "Père, frères et amis, nous avons trouvé le Seigneur. Venez et adorons." Les esprits forts, à la suite du réformé Bultmann diront que ce n'est pas possible une telle adoration contraire selon eux à la Tradition judaïque réservant l'adoration à Yahvé.

C'est oublier au moins 3 choses: d'abord que dans nos évangiles canoniques les gens ne cessent de se prosterner devant le Seigneur à la façon des bergers de la crèche pour mille et une raisons d'ailleurs. Ensuite que pour les spécialistes de la littérature judaïque du 1er siècle de notre ère l'expression "Fils de l'homme" par laquelle Jésus se désigne renvoie à une figure divine ce qui incitera ses ennemis à dire qu'il blasphème ainsi. Les écrits de Qumran témoignent aussi  50 ans avant la naissance de Jésus d'un courant judaïque attendant une figure de messie divin, souffrant, mourant ignominieusement, abandonné sur la voie publique pendant 3 jours et ressuscitant pour s'asseoir glorieux à la droite de "l'Ancien des jours".
Il est donc erroné de considérer que le judaïsme du premier siècle était d'un monothéisme monolithique.

Enfin ce dernier évangile qui nous est gracieusement offert par Jésus lui-même est celui d'un Jésus glorieux qui se met en scène, parfaitement digne d'adoration, l'église ayant depuis bien longtemps déjà saisi, compris qui il était vraiment! C'est alors que se produit une séquence dramatique puisqu'une troupe traine un adolescent qu'on accuse d'un crime qu'il n'a pas commis et dont les auteurs véritables sont deux notables de Bethléem aidé d'un de leur domestique. La Bourgade jusqu'alors paisible entre littéralement en émoi.

Jésus accourt devant le groupe des gardes ayant arraché l'enfant qu'on accuse injustement à sa mère devenue presque folle de douleur et de colère et les somme de s'arrêter tandis qu'ils sont en route pour l'exécuter hors du village; tous les habitants sont désormais rassemblés autour des protagonistes, l'accusé, les 3 accusateurs, Jésus qu'on traite de fou n'ayant rien à voir avec cette affaire et qu'on repousse violemment.

C'est alors que Jésus parvient à s'imposer (Aller au récit!) en endossant une posture de prêtre et de juge; la manière dont il s'y prend, en usant des codes ancestraux propres à cette vieille société juive pour énoncer la justice, codes actuellement connus des seuls spécialistes, associés à son autorité naturelle fait que ça marche; la foule se tait, attendant le verdict. Les 3 criminels sont confondus et châtiés en devenant immédiatement lépreux à un degré avancé de la maladie si bien qu'ils sont instantanément chassé du village comme c'est la coutume et le jeune homme réhabilité est rendu à sa mère.

Une partie du récit est rédigé de façon assez naïve du fait que Maria se trouve dans un premier temps immergée dans une
scène inédite, choquante, perturbante qu'ensuite elle rapportera de son mieux comme elle le peut. C'est fidèle mais assez gauche la façon dont elle nous relate l'affaire, évidemment après coup du fait que dans l'action elle ne pourrait écrire quoique ce soit. Le récit n'est donc pas de Jésus. Il n'est pas dicté. On est devant un fait divers risquant d'être dramatique que Jésus présente à Maria ou plutôt dans lequel il l' immerge comme si elle revivait la scène en spectatrice.

Elle la relate ensuite de son mieux. Reconnaissons qu'une partie de son compte rendu n'est pas terrible; il y a des naïvetés dans sa description; c'est compréhensible, humain, normal. Par contre le Jésus qui s'y révèle nous est en grande partie inconnu: prophétiquement juge miséricordieux et prêtre, opérant en parfaite fidélité aux procédures judiciaires de l' Ancienne Alliance tandis qu'il instaure la Nouvelle. Avant le terrible châtiment immédiat des 3 coupables Jésus se recueille et prie son Père de surtout ne point leur infliger ce qu'eux-mêmes dans un monstrueux parjures avaient demandé à Dieu s'ils ne disaient point la vérité tandis qu'ils n'étaient que mensonges: à savoir d'être foudroyés sur le champ par le feu du ciel!

Il obtient du Père une punition immédiate effectivement terrifiante qui subjugue la foule mais qui va permettre deux choses: l'expiation terrestre et s'ils le veulent l'obtention du pardon de Dieu avant leur décès tandis que si Dieu les avaient foudroyés sur le champ comme ils l'avaient demandés au cas où ils ne diraient pas la vérité ils étaient irrémédiablement perdus.

Enfin on voit Jésus rejoindre sa mère et plusieurs disciples qui s'occupent de fournir du soin à la malheureuse devenue pratiquement folle, délirante. Jésus finit par réussir à l'apaiser; revenue à elle-même elle rend grâce au Seigneur et devient à son tour femme disciple, donnant son fils et ses bien au Seigneur Jésus.

C'est le seul épisode connu où l'on voit Jésus endosser admirablement un rôle de juge; en seconde partie ce n'est plus Maria qui rédige après coup ce qu'elle a capté d'une scène perturbante mais Jésus qui lui dicte une parabole qu'elle nous livre de son mieux; là Jésus est d'avantage aux commandes puisque c'est Lui qui nous parle via Maria. Entre Lui et nous il y a une chaîne d'intervenants qui cherchent de tout leur cœur à nous retranscrire fidèlement ses dires, Maria, le Père Migliorini qui s'empare des papiers de Maria pour en corriger les fautes éventuelles et les dactylographier, Jésus surveillant de près le résultat de cette petite chaîne humaine lui prêtant main forte.

Certes ce jeune Jésus juge nous est inconnu; mais ne l'est-il pas en réalité? L'église ne saurait le nier à l'évidence. On est donc devant une séquence évangélique innovante mais fidèle à la tradition qui reconnait en Jésus un juge souverain et miséricordieux tel qu'il se révèle dans ce récit.
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