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Mouxine
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Dim 21 Nov - 16:12
Bonjour à tous,
Cela faisait un moment que je voulais commencer ce travail. Je voulais répertorier tous les passages problématiques qui semblent contradictoires afin de pouvoir avancer sur le travail critique (au sens théologique) de l'Oeuvre, sachant que c'est en résolvant les difficultés qu'on montre la solidité d'un enseignement. Je ne poste que les passages qui me posent vraiment problème.

1 - Boire le Calice de Jésus

Note de Jésus à Maria Valtorta : "Marque fortement le point : "... vous boirez certainement à mon calice". Dans les traductions on lit : "mon calice". J'ai dit : "à mon calice" et non pas "mon calice". Aucun homme n'aurait pu boire mon calice. Moi seul, le Rédempteur, j'ai dû boire mon calice tout entier. À mes disciples, à mes imitateurs et à ceux qui m'aiment, il est certainement permis de boire à ce calice où j'ai bu, une goutte, Une gorgée, ou les gorgées que la prédilection de Dieu leur permet de boire. Mais jamais personne ne boira le calice tout entier comme je l'ai bu. Il est donc juste de dire : "à mon calice" et non pas "mon calice". Tome 8.38




Non, mes fils, non. Il faut d'abord boire tout le calice que Moi j'ai bu. Tout : avec la charité donnée en échange de la haine, avec la chasteté qui s'oppose à la voix des sens, avec l'héroïsme dans les épreuves, avec l'holocauste de Soi-même pour l'amour de Dieu et des frères. Puis, quand on s'est acquitté de son devoir, dire encore : "Nous sommes des serviteurs inutiles", et attendre que mon Père, qui est aussi le vôtre, vous accorde, par sa bonté, une place dans son Royaume. Tome 2.67

Je ne comprends pas cette insistance forte entre "vous ne pouvez pas boire tout mon calice" et "vous devez boire tout mon calice".




2 - Eve maudit Caïn, sans le maudire.



Quand Caïn tua Abel, la bouche de sa mère proféra les malédictions que son esprit, séparé de Dieu, lui suggérait contre son prochain le plus intime : le fruit de ses entrailles profanées par Satan et souillées par un désir indécent. Et cette malédiction fut la tache dans le royaume du moral humain, comme le crime de Caïn la tache dans le royaume de l'animal humain. [...]


Marie doit annuler Ève. Marie voit le second Caïn : Judas. Marie sait qu'il est le Caïn de son Jésus : du second Abel. Elle sait que le sang de ce second Abel a été vendu par ce Caïn et que déjà il est répandu. Mais elle [Marie] ne maudit pas, elle aime et pardonne. Elle aime et rappelle. Tome 9, c26




Adam et Eve avaient manqué au premier des commandements de Dieu à l’homme, commandement sous-entendu dans cet autre – d’obéissance – qui leur fut donné à tous deux : « De l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas ». L’obéissance est amour. S’ils avaient obéi sans céder à aucune pression du Mal sur leur âme, leur intelligence, leur corps et leur chair, ils auraient aimé Dieu « de tout leur cœur, de toute leur âme et de toutes leurs forces », comme cela leur fut explicitement ordonné bien plus tard par le Seigneur. Ils ne l’ont pas fait et furent punis. Mais ils n’ont pas péché contre l’autre versant de l’amour, c’est-à-dire à l’égard de leur prochain. Ils ne maudirent même pas Caïn, mais ils pleurèrent en égale mesure sur celui qui était mort dans la chair et celui qui était mort spirituellement : ils reconnaissaient en effet que la souffrance permise par Dieu était juste, parce qu’ils avaient eux-mêmes créé la Souffrance par leurs péchés et devaient être les premiers à en faire l’expérience sous toutes ses formes. Ils sont donc demeurés enfants de Dieu, et avec eux leurs descendants venus après cette souffrance. Cahiers 30 décembre 1946

Pareil sur ces deux passages, je ne comprends pas comment Eve a pu maudire et ne pas maudire Caïn, surtout qu'elle l'a maudit tout de suite en découvrant Abel mort d'après le premier extrait.
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Emmanuel
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Dim 21 Nov - 22:56
Bonjour @Mouxine,

J'ai une réponse assez affirmée pour ton premier point, tandis que j'ai surtout des pistes pour le deuxième.

1 - Le Calice de Jésus

La différence entre la première figure de cas et la seconde figure de cas est dans la définition du "tout" qui n'est pas la même entre les deux passages.

Dans le tome 8, à l'approche de la Passion du Christ, le "Calice tout entier" dont il est question représente l'acuité et la profondeur de la douleur que devra porter le Seigneur pour accomplir la Rédemption. En effet, bien que nous soyons tous appelés, comme le dit Saint-Paul, à être de petits "co-rédempteurs" en "complétant dans notre chair ce qui manque aux souffrances du Christ", cette participation aux souffrances du Seigneur ne sera toujours que relative et moindre vis-à-vis les Siennes.

Seul le Rédempteur a tout souffert, car il devait tout racheter par Sa Mission. Aucune créature ne pourrait porter l'entièreté du fardeau qui fut réservé au Christ.

Dans le second passage que tu cites et qui vient au début de l'Oeuvre, le "tout" a une définition différente, qui est de façon utile donnée textuellement. Ce "tout" le Calice représente:

Tout: avec la charité donnée en échange de la haine, avec la chasteté qui s'oppose à la voix des sens, avec l'héroïsme dans les épreuves, avec l'holocauste de Soi-même pour l'amour de Dieu et des frères.

L'entièreté du Calice représente donc ici le don total de la créature qui imite son Maître, et qui se manifeste par les vertus mentionnées de charité, de chasteté, d'héroïsme et d'holocauste de soi-même.

Il n'y a donc pas de contradiction: la créature doit se donner tout entière comme le Maître s'est donné tout entier, mais il s'agit cependant ici d'un "tout" relatif à la créature, car le don total d'une créature peut la conduire, certes, à la sainteté, mais celui-ci ne pourra cependant jamais la conduire à la sainteté parfaite qui n'appartiendra toujours seulement qu'au Verbe de Dieu fait chair, Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Pour le Christ, le Don est total non seulement par rapport à l'entièreté de l'Offrande de sa Personne, mais il est aussi, dans l'absolu, Total, car représentant la Totalité de toutes les souffrances de la Rédemption, totalité que Lui seul est en mesure de porter de toute éternité.


2- Eve maudit Caïn, sans le maudire

Pour cet aspect, je me questionne à savoir si les paroles d'Ève étaient "effectives".

Quand Caïn tua Abel, la bouche de sa mère proféra les malédictions que son esprit, séparé de Dieu, lui suggérait contre son prochain le plus intime :

Ce passage semble décrire la réaction "à chaud" d'Ève, qui exprimait ce que son esprit lui suggérait.

Il serait intéressant de savoir si la malédiction, pour qu'elle devienne "effective", nécessitait l'aval d'Adam.

En effet, comme il est relaté dans l'Oeuvre, il n'y aurait pas eu Faute originelle consommée ni Chute si Adam n'avait consenti à cette Faute à la suite d'Ève.

La malédiction nécessitait-elle l'aval d'Adam pour être effective et porter des conséquences tangibles sur la vie de Caïn?

Ce pourrait être une piste de résolution de ces deux passages, puisque dans la premier, il est question de la réaction d'Ève, seule, puis dans le second, de la réaction des Premiers Parents en tant que couple, en tant qu'unité, à l'égard d'un de leurs descendants.

D'autres pistes pourraient aussi être suivies et je suis intéressé à te lire si tu fais des découvertes.

Fraternellement,

Emmanuel
Mouxine
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Lun 22 Nov - 10:54
Merci pour tes réponses, Emmanuel.

Pour le 1- Calice de Jésus

Je précise en revanche que la deuxième citation est dans le Tome 2, dans la nouvelle édition. Dans l'ancienne, il est dans le début du tome 9, ce qui veut dire qu'il ne faut pas être pas tant séparer que ça les deux citations. J'avoue que c'est ce "que moi j'ai bu" qui me laisse perplexe car cela montre qu'on boit dans le même calice que le Christ d'autant plus que le détail qui suit correspond quand même drôlement bien à ce qu'à fait le Christ pendant la Passion. Sauf si on soutient que le Christ a bu plusieurs calices ce qu'on doit supposer si veut suivre ton commentaire, @Emmanuel.

J'en profite pour citer un passage de la Chaîne d'or de St Thomas d'Aquin :

S. Jér. Le mot calice, dans le style des Écritures, signifie souffrance, comme dans le Psaume: «Je prendrai le calice du salut»; et le Roi-Prophète explique aussitôt quel est ce calice: «La mort de ses saints est précieuse aux yeux de Dieu» Ps 116,13-15. -
S. Chrys.
(sur S. Matth). Notre-Seigneur savait qu'ils étaient disposés à le suivre jusque dans ses souffrances, mais il leur fait cette question pour nous apprendre que personne ne peut régner avec lui sans avoir participé à sa passion; car un trésor aussi précieux ne peut s'acquérir à vil prix (cf. 2Tm 2,12 Rm 8,17). Or, la passion du Sauveur, ce n'est pas seulement la persécution des Gentils, mais toute violence que nous souffrons en combattant contre le péché. -
S. Chrys. (hom. 66). Il leur dit donc: «Pouvez-vous boire ?» etc., c'est-à-dire: «Vous me parlez de gloire et de couronnes, et moi je vous parle de combats et de fatigues, car le temps des récompenses n'est pas encore venu». Par la manière dont il leur fait cette question, il les encourage et les attire; il ne leur dit pas: Pourrez-vous répandre votre sang? mais: «Pouvez-vous boire le calice ?» et il ajoute: «Que je dois boire», pour enflammer plus vivement leurs désirs par ce rapprochement.


Pour le 2 - Eve maudit Caïn

J'ai longtemps opté pour l'option Eve maudit sur le moment, puis après s'être calmée, Adam et Eve ne maudirent pas Caïn. Mais ça ne me satisfait pas pleinement non plus. Cela suffisait tant que je n'avais vu aucune autre erreur, je pouvais me persuader que je n'avais pas compris, mais là, mes doutes reviennent.
Dans le passage où il est dit qu'Eve maudit, Jésus insiste lourdement dessus pour opposer Eve et Marie. Donc forcément là, c'est utile de souligner la faute. Dans le deuxième passage, Jésus veut souligner qu'Adam et Eve "n’ont pas péché contre l’autre versant de l’amour, c’est-à-dire à l’égard de leur prochain" . Donc dans ce deuxième extrait, on souligne "ils ne maudirent même pas", ce qui laisse sous-entendre qu'on devrait s'y attendre, du moins c'est comme ça que je comprends.

Et d'ailleurs, cela me permet de souligner une autre contradiction de cette dictée du 30 décembre 1946 avec une autre :
Septième erreur : une fois tentée, devenir tentatrice. Passer du service de Dieu à celui de Satan, en oubliant les paroles de Dieu pour répéter celles de Satan à son compagnon, et l’entraîner à voler le droit de Dieu.

[...] [Lors de leur réponse à Dieu], il manque au nombre de toutes ces paroles la seule qui devait s’y trouver : "Pardon, parce que j’ai péché !″ Il y manque donc l’amour pour Dieu, et la charité à l’égard du prochain. Adam accuse Ève, Ève accuse le serpent.  Cahiers 18 février 1947
Donc dire "ils n'ont pas péché contre l'autre versant de l'amour, c'est-à-dire à l'égard de leur prochain" est problématique, déjà à cause de la contradiction avec le passage cité, ensuite parce que c'est faux dans l'absolu. Tenter son prochain pour qu'il perde la grâce de Dieu et se damne, c'est bien plus grave que de le tuer dans son corps. Eve a fait perdre l'innocence à Adam (et tous ses descendants au passage !) et a fait entrer la mort dans le monde, là où Caïn, par son meurtre, a envoyé Abel au repos des Limbes. Donc en terme de péché contre le prochain, celui d'Eve me paraît bien plus grave, et même si elle n'est pas allée jusqu'à tuer un homme, c'est à cause d'elle que les hommes ont des tendances meurtrières !

Bref, cette dictée du 30 décembre 1946 est très problématique.
Emmanuel
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Mar 23 Nov - 3:51
Je suis surpris que tu aies de la difficulté avec la question des calices, @Mouxine.

Sauf si on soutient que le Christ a bu plusieurs calices ce qu'on doit supposer si veut suivre ton commentaire, @Emmanuel.
Non. Simplement, Jésus n'illustre pas la même réalité en utilisant l'image du Calice à ces deux moments différents.

Dans l'un, le Calice représente toutes les souffrances de la Rédemption.

Dans l'autre, il représente l'immolation totale, ou le Don total de son Être.

Les âmes qui imitent le Christ peuvent s'immoler totalement, se donner totalement à l'image du Christ, mais pas souffrir intégralement toutes les souffrances de la Rédemption, car le "Total" du Christ dépasse le "total" de toute créature.

Ce sont ici évidemment des images qu'utilise le Christ pour illustrer des réalités qui vont au-delà de celles-ci. On peut, à différents moments et selon les circonstances et les besoins, utiliser des images semblables pour illustrer des réalités différentes.

Amicalement,

Emmanuel
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Mar 23 Nov - 10:52
@Emmanuel,

La difficulté est pourtant manifeste avec ce qu'on a exposé. Tu dis toi-même que le mot calice ne renvoie pas à la même réalité, en distinguant la réalité dans les deux cas. Or dans les deux cas, Jésus affirme avoir bu le calice en entier. Donc on est obligé de conclure que ta position implique qu'il y ait deux calices différents que le Christ a bu.

Le doute ne porte pas sur le fait que le Christ boit le calice (ou les calices), ça c'est certain, il le dit clairement. Le doute porte sur le contenu du calice, car dans un cas il dit qu'on ne peut pas le boire en entier, et dans l'autre qu'on doit le boire en entier. Cela est rigoureusement impossible si les deux calices sont identiques. Donc ta supposition de deux calices différents est la seule solution possible pour sortir de la contradiction.

Cependant St Jean Chrysostome dit : "Or, la passion du Sauveur, ce n'est pas seulement la persécution des Gentils, mais toute violence que nous souffrons en combattant contre le péché." et dans l'explication de Jésus, on a : "Il faut boire tout le calice que j'ai bu. Tout : avec la charité donnée en échange de la haine, avec la chasteté qui s'oppose à la voix des sens, avec l'héroïsme dans les épreuves, avec l'holocauste de Soi-même pour l'amour de Dieu et des frères". L'énumération de Jésus pour expliquer le contenu du calice du deuxième passage correspond parfaitement à l'explication de St Jean Chrysostome pour le premier passage... Ce qui montre que l'Oeuvre de Maria Valtorta maîtrise parfaitement l'emploi de cette expression biblique. C'est ce qui peut inciter à penser qu'il n'y a pas deux calices mais un seul.

La difficulté est d'autant plus difficile qu'on a des preuves d'une forte érudition... La solution du problème n'est donc pas si évidente. Sachant que le texte grec de St Matthieu qui correspond au premier passage dit bien "vous boirez mon calice" sans autre traduction possible. Donc s'il y a un passage plus faible dans la contradiction, dans le cas où on veut soutenir qu'il y a un seul calice et pas deux, c'est la critique du "à mon calice" qu'on ne retrouve pas dans les manuscrits grecs les plus anciens (comme l'histoire du "désormais" de Cana).

Conclusion :

- Soit il y a un seul calice mais alors une contradiction dans l'Oeuvre.
- Soit il y a deux calices. Dans ce cas, il faut préciser lesquels sachant que Jean et Jacques boivent au premier calice aussi. Si ce premier calice est celui de la Passion, alors Jean y boit, Jacques quelques gouttes, mais effectivement seul Jésus le boit en entier.

Je ne sais pas pour toi, mais je trouve cette recherche vraiment très intéressante et je te remercie parce que nous n'aurions pas pu arriver à ce point là sans ton intervention. C'est très difficile d'avancer dans une recherche théologique seul ou quand on est tous d'accord dès le départ... Ce sont les oppositions qui font avancer.
Emmanuel
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Mar 23 Nov - 12:22
Bonjour @Mouxine,

Je ne sais pas pour toi, mais je trouve cette recherche vraiment très intéressante et je te remercie parce que nous n'aurions pas pu arriver à ce point là sans ton intervention. C'est très difficile d'avancer dans une recherche théologique seul ou quand on est tous d'accord dès le départ... Ce sont les oppositions qui font avancer.
Je trouve cela enrichissant et intéressant, oui, d'échanger avec toi et de chercher à approfondir ces questions.

À la fois, je réalise qu'il y a une certaine difficulté de communication, car tu as une façon de raisonner qui est différente de la plupart des autres avec qui j'ai l'occasion d'échanger ici et ailleurs.

Pour ma part, je ne peux faire de l'analyse de manuscrits grecs. Si tu veux échanger sur des questions de traduction, je ne suis malheureusement pas une bonne personne pour ce faire.

Sur ce fil, j'ai cherché à montrer comment les paroles de Jésus disant qu'on ne pouvait boire son calice en entier étaient véridiques tout en ne contredisant pas le fait que Jésus dise, ailleurs, "qu'il faut boire tout le calice que Lui a bu".

Tu dis toi-même que le mot calice ne renvoie pas à la même réalité, en distinguant la réalité dans les deux cas. Or dans les deux cas, Jésus affirme avoir bu le calice en entier. Donc on est obligé de conclure que ta position implique qu'il y ait deux calices différents que le Christ a bu.
Oui, et non.

Je vais dire cela ainsi. Le Calice de Jésus comprend deux définitions. L'une comprend l'autre. L'une mène à l'autre. L'une ne va pas sans l'autre.

L'immolation entière et totale de Lui-même conduit le Christ à porter toutes les souffrances de la Rédemption (qui ne se résument pas qu'aux seules heures de la Passion, comme le rappelle Jésus dans l'Oeuvre), souffrances qui sont si grandes qu'elles ne peuvent être portées dans leur intégralité que par Lui seul, Verbe de Dieu incarné.

Pour le Christ, la première définition du Calice correspond également à la seconde.

Cependant, pour les disciples et tous les imitateurs du Christ, boire le calice de l'immolation totale de soi ne correspond pas à souffrir intégralement toutes les souffrances rédemptrices du Christ, car cela est au-delà de leur capacité de créatures limitées.

C'est pour ceux-ci que les deux définitions divergent.

Pour faire une analogie peut-être un peu trop simpliste, surtout vu le sujet traité, mais qui peut peut-être néanmoins aider, en géométrie, on dit que tous les carrés sont des rectangles, mais que tous les rectangles ne sont pas des carrés.

Le carré est à la fois un carré et un rectangle. Il ne s'agit que d'une seule forme géométrique qui peut pourtant porter deux appellations.

Il en va de même du Calice du Christ. Les deux définitions données ci-dessus convergent parfaitement, et ainsi, le Christ n'a bu qu'un seul Calice, bien qu'on puisse en tirer plus d'une définition.

C'est, du moins, l'aspect que je tentais d'illustrer dans ma réflexion.

Si nous n'arrivons pas à bien nous comprendre dans cette analyse, ce n'est pas bien grave, nous aurons essayé et fait ce qui est en notre pouvoir.

Au plaisir de te lire prochainement, Mouxine.

Amicalement,

Emmanuel
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Mar 23 Nov - 15:54
Bonjour @Mouxine et @Emmanuel,

Je m’invite à mon tour dans la discussion Wink

1. Le calice

J’ai relu les passages concernés.

Pour moi, il y a la distinction suivante, qui se rapprochera sans doute de celle d’Emmanuel :
- D’une part, il y a le calice que seul Jésus peut boire, parce qu’il est le Rédempteur. Il est permis, à certains de ses continuateurs, de boire quelques gouttes, quelques gorgées, mais seul Lui a pu tout consommer.
- D’autre part, il y a le calice que Jésus énonce dans le second passage. Pour moi, il s’agit du calice que Jésus a bu durant sa vie, c’est-à-dire qu’il a bu les déceptions, les peines, les péchés de chacun qu’il a expié pour tous. L’homme aussi est amené à boire le calice de la vie humaine, mais ce calice est ramené à sa proportion de créature. C’est en ce sens-là que je comprends ce passage :

Il faut d'abord boire tout le calice que Moi j'ai bu. Tout : avec la charité donnée en échange de la haine, avec la chasteté qui s'oppose à la voix des sens, avec l'héroïsme dans les épreuves, avec l'holocauste de Soi-même pour l'amour de Dieu et des frères. Puis, quand on s'est acquitté de son devoir, dire encore : "Nous sommes des serviteurs inutiles", et attendre que mon Père, qui est aussi le vôtre, vous accorde, par sa bonté, une place dans son Royaume.

Le calice que l’homme doit boire, c’est le calice des épreuves, le calice de la charité, de la bonté, de l’amour porté à sa perfection. Le Christ aussi a bu ce calice, mais dans une proportion infiniment plus grande. On peut dire en ce sens que c'est un calice commun au Christ (lui aussi a bu aux difficultés de la vie ; si on doit le boire, nous aussi, c'est parce qu'on vit dans un monde marqué par le péché et c'est une participation à notre vocation de co-rédempteurs. Mais cette coupe est adaptée à notre condition de créature). D'autre part il s'agit d'un calice "différent" du calice de la Rédemption, qui est tellement "énorme", tellement grand que seul le Sauveur pouvait y tremper ses lèvres et le boire jusqu'à la lie.

Edit : Je n'aime pas mon dernier paragraphe, donc je reformule Very Happy

Le calice est commun à celui du Christ, en ce sens que nous buvons (comme lui) aux déceptions de la vie, etc. Le boire avec lui, ça nous permet d'être des petits co-rédempteurs, en lui offrant tout pour le salut du monde. C'est boire, dans une certaine mesure, à sa coupe, mais c'est toujours une part infiniment moindre que ce que le Sauveur a bu.

D'autre part, le calice du Rédempteur est tellement grand, tellement énorme qu'aucune créature ne peut s'en approcher vraiment sans le Christ. Ce calice est unique puisque seul le Sauveur pouvait le consommer. Et donc, nos "petites coupes" se distinguent d'une certaine façon de la coupe du Rédempteur, qui prenait tous les péchés du monde.

2. Eve maudit Cain sans le maudire

Pour moi, il s’agirait surtout d’une réaction à chaud, quand Eve découvre par exemple le corps d’Abel et voit le fratricide de son fils.

Ensuite, quand nos premiers parents durent vivre avec cette Croix, je crois qu’ils élevèrent leurs esprits sans maudire Caïn.

Je pense d’autant plus cela que Jésus explique, dans une autre dictée, que nos premiers parents ont vécu toute une période sans vraiment regretter le Paradis perdu. Certes, il y avait des peines, mais celles-ci étaient compensées par des joies humaines. Par exemple, la douleur de l’enfantement était toujours atténuée par la joie d’avoir leur enfant ; la douleur de devoir travailler la terre ou les animaux était compensée par la joie d’avoir le résultat de leurs travaux, etc. Leurs corps étant à l’origine parfait, ils étaient encore résistants face au maladie, ils vivaient très longtemps, et la mort semblait donc être un lointain mirage.

Jusque-là, le verdict de Dieu n'avait pas encore brisé la rébellion de l'homme. Celui-ci, avec l'esprit d'adaptation de l'animal - car l'homme privé de la Grâce n'est rien d'autre que le plus parfait des animaux - s'était vite adapté à son nouveau destin. Même si ce nouveau destin n'était pas aussi facile et joyeux que le premier, il n'était pas dépourvu de joies humaines qui compensaient les douleurs.    

La libido se satisfaisait dans l'union des deux chairs qui s'unissaient pour n'en former qu'une. Fusion, oui, mais pas fusion sainte comme Dieu la voulait, et comme l'homme innocent et rempli de science l'avait comprise dans le jardin d'Eden. C'était dorénavant la joie de créer de nouvelles vies par soi-même oh! l'orgueil persistant! et de se croire pour cela semblables à Dieu Créateur. C'était la joie de dominer les animaux. C'était la satisfaction des récoltes et celle de se suffire à soi-même, sans se sentir obligé de remercier personne. Joies sensuelles, mais joies tout de même.          

Oh ! Que d'obscurité de la fumée d'orgueil de ces deux insolents! Que d'obscurité dans le brouillard de leurs concupiscences effrénées! Que d'obstination!  
La maternité se réalisait dans la douleur, mais la joie des enfants compensait cette douleur        

La nourriture n'était pas facile à pourvoir, mais le ventre s'emplissait quand même, et avec satisfaction, puisque la Terre était remplie de bonnes choses.

La maladie et la mort étaient très loin, car les corps, créés parfaits, jouissaient d'une santé et d'une virilité qui faisaient croire aux deux arrogants que la vie était bien longue, sinon éternelle.    

Et l'orgueil en fermentation suscitait la pensée railleuse : "Le châtiment de Dieu? Où est-il? Nous sommes heureux même sans Dieu".    (Leçon n°23 de l’Epitre aux Romains).

Par conséquent, ils se satisfaisaient de leurs vies, et comme le disait Jésus, leur esprit était séparé de Dieu. Il n’y avait pas de repentir.

Quand Caïn tua Abel, la bouche de sa mère proféra les malédictions que son esprit, séparé de Dieu, lui suggérait contre son prochain le plus intime

Cela expliquerait la réaction d’Eve qui maudirait spontanément Caïn (en tout cas je l’interprète ainsi).

Mais un jour, l'herbe verte des champs, parsemée des fleurs que Dieu avait créées, est apparue tachée du vermeil du premier sang versé sur la Terre. La mère hurla sur le corps inerte du doux Abel, et le père a compris que ce n'était pas par vaine menace que Dieu lui avait annoncé: "Tu retourneras à la terre d'où tu es venu, car tu es poussière et tu redeviendras poussière". C'est ainsi qu'Adam mourut deux fois, la première à la mort de son fils car un père meurt dans la mort de son fils et la deuxième, au moment de sa propre mort. Quant à Ève, elle accoucha d'une douleur déchirante en rendant à la terre le corps inanimé de son fils chéri. C'est là qu'elle comprit ce que c'est que d'accoucher dans le péché.  

Mais au moment même où le châtiment de Dieu frappait comme la foudre - c'était encore de la miséricorde - l'orgueil mourut, et à sa place commença à germer le repentir. C'était la nouvelle vie. Elle permit aux deux Coupables de remonter le sentier escarpé de la Justice, et de mériter, après bonne expiation et longue attente, le pardon de Dieu par les mérites du Christ. (Leçon n°23 de l’Epitre aux Romains).

On voit une gradation : maintenant, le repentir est là. Dès lors, c’est à ce instant qu’on peut comprendre la seconde parole du Christ.

Adam et Eve avaient manqué au premier des commandements de Dieu à l’homme, commandement sous-entendu dans cet autre – d’obéissance – qui leur fut donné à tous deux : « De l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas ». L’obéissance est amour. S’ils avaient obéi sans céder à aucune pression du Mal sur leur âme, leur intelligence, leur corps et leur chair, ils auraient aimé Dieu « de tout leur cœur, de toute leur âme et de toutes leurs forces », comme cela leur fut explicitement ordonné bien plus tard par le Seigneur. Ils ne l’ont pas fait et furent punis. Mais ils n’ont pas péché contre l’autre versant de l’amour, c’est-à-dire à l’égard de leur prochain. Ils ne maudirent même pas Caïn, mais ils pleurèrent en égale mesure sur celui qui était mort dans la chair et celui qui était mort spirituellement : ils reconnaissaient en effet que la souffrance permise par Dieu était juste, parce qu’ils avaient eux-mêmes créé la Souffrance par leurs péchés et devaient être les premiers à en faire l’expérience sous toutes ses formes. Ils sont donc demeurés enfants de Dieu, et avec eux leurs descendants venus après cette souffrance. Cahiers 30 décembre 1946
     

Je pense qu’en liant cet extrait à la Leçon 23, ça nous donne donc un autre éclairage Smile

Je m’excuse si ça répète un peu ce qu’a déjà écrit @Emmanuel, mais je trouve ce sujet très intéressant et je tenais à y réfléchir également.

Fraternellement,
Anayel
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Mar 23 Nov - 18:33
Merci pour vos contributions.

Pour la malédiction d'Eve, j'avais déjà regardé la leçon 23, mais ça n'avait pas été concluant à mon sens... Eve hurle sur le corps d'Abel ? Elle hurle sa malédiction d'après le T9,c26. Mais c'est vraiment cette dictée du 30 décembre 1946 qui vient mettre le bazar avec son "ils maudirent même pas". D'autant plus que la leçon 23 souligne qu'Adam et Eve étaient mauvais avant la mort d'Abel, et donc qu'il est fort peu probable "qu'ils n'aient pas péché contre l'autre versant de l'amour du prochain" (30 dec 1946), chose de toute façon démentie dans la dictée 2 mois plus tard du 18 février 1947.

edit : orthographe
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