Maria Valtorta et les modernes

L’une des raisons pour laquelle nombre de modernes informés, cultivés se refusent à lire Maria Valtorta et la disqualifie d’emblée pourrait être la suivante: l’historien connu Ivan Jablonka distingue 3 continents littéraires: le premier dont nous sommes familiers est celui de la littérature romanesque de nos divers prix littéraires; ses contenus sont essentiellement imaginaires; le second continent est celui de la littérature grise ou scientifique; il est enfin un 3 ème continent immense quoique non ou mal reconnu, c’est selon cet auteur traduit dans plus de 10 langues celui de la littérature du réel humain, du témoignage, des biographies etc…

Nos évangiles canoniques appartiennent ou relèvent de ce 3 ème continent au plan anthropologique du fait qu’ils prétendent décrire du réel, vise le réel. Les modernes disqualifient ou ignorent ce 3ème continent, les témoignages humains demeurant pour eux sans valeur dite scientifique tandis qu’ils revêtent une grande importance au plan proprement humain. L’œuvre de Maria Valtorta relève de ce 3ème continent au plan anthropologique et non du 1er ni du second.

Dans l’Eglise catholique une composante dont nous ignorons l’importance numérique réduit le 3ème continent de Jablonka au premier; dès lors les miracles ou les phénomènes anormaux sont niés et transformés en épisodes purement symboliques.

Quand Jésus dit à l’Ascension: “Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde” c’est pris au sens mystico-symbolique: oui Jésus reste avec nous au plan intime, spirituel, ou encore au plan sacramentel.

On va lui refuser toute phénoménalité anormale la considérant comme mythique, tandis que dans le réel Jésus apparaît, coache, dicte, transforme, convertit, guérit et ce depuis 2000 ans sans arrêt et dans le monde entier; ce Jésus phénoménal, ressuscité, interagissant avec certains d’entre nous (Grands ou petits mystiques) c’est précisément celui de Maria Valtorta, celui de l’apôtre Paul sur le chemin de Damas etc…

L’homme moderne nie sa réalité avec la plus grande énergie et dans l’Eglise catholique, apostolique et romaine on a de grands esprits sortant de nos grandes écoles formatés pour nier l’existence de ce troisième continent et de ce Jésus réellement ressuscité, tout pour eux étant symbolique! A suivre!

L’œuvre littéraire intégrale de Maria Valtorta relève manifestement du troisième continent de l’historien Ivan JABLONKA venons-nous d’écrire du fait qu’elle vise à parler de la réalité, de ses vécus, de ce qu’elle voit, entend; c’est une œuvre témoignant de ses multiples interactions avec le Seigneur Jésus ressuscité; on ne saurait de ce fait la classer dans le continent de la littérature romanesque, fantastique, relevant des créations imaginaires ou de fiction; mais ce continent n°3 du réel proprement humain, des innombrables témoignages a le plus grand mal à se voir reconnu par les modernes portés à ne reconnaître comme crédibles, recevables et raisonnables que les 2 premiers sanctionnés d’ailleurs par d’innombrables prix Nobel ou autres!

L’un de nos plus grands anthropologues actuels, Philippe Descola qui succéda à Lévi-Strauss au Collège de France dans son maitre ouvrage paru en 2005: Par delà nature et culture classe toutes les sociétés humaines connues en 4 groupes ou “Ontologies”; nous autres modernes appartenons à l’ontologie dite “naturaliste” parfaitement bien décrite en 1993 par le penseur Bruno Latour dans son best seller “Nous n’avons jamais été modernes”; elle se caractérise par un point aveugle dans notre rapport à la réalité qui fait qu’une partie, celle du 3ème continent de Jablonka, nous échappe; nous ne la percevons pas ni ne la voyons tout en nous considérant comme supérieur aux 3 autres ontologies (Le reste du monde).

Nos élites sont formatées pour penser et voir le monde ainsi de telle sorte que certaines de nos élites catholiques, pleinement “modernes”, par naissance et formation “naturalistes” seront tout simplement incapables d’accepter une œuvre comme celle de M. Valtorta comme relevant du réel; quoique croyants catholiques ils ne peuvent culturellement admettre la réalité des phénomènes transgressifs comme les interactions de Jésus ressuscité avec certaines personnes telle Maria V. En toute bonne foi ils la considéreront comme une visionnaire de fictions comme il en est tant et dès lors attaqueront l’oeuvre comme infantile, délirante, ne méritant que le mépris de la pensée savante.

Ils ne se rendent tout simplement pas compte qu’en fonctionnant ainsi ils cautionnent sans prise de distance suffisante leur ontologie naturaliste la considérant comme supérieure aux trois autres tandis que la pensée savante symétrique conteste pareille prétention. L’action de Jésus se confine chez eux à l’intime; leur Jésus ressuscité est en réalité un “Jésus barré” au sens latourien; le Dieu trinitaire de ces grands esprits, parfois hauts dignitaires de l’appareil curial est un “Dieu barré”. Il vont s’investir dans une lutte parfois violente contre toute manifestation prophétique ou phénoménale, la condamnant sans appel.

C’est le fonctionnement manifeste d’une composante actuelle de l’Eglise, fonctionnement malheureux et daté, non critiqué hélas dont Maria Valtorta fait les frais. Que cet article remette en question un tel dysfonctionnement ecclésial.

Élie, j'ai ajouté moi-même des sauts de paragraphe à vos messages ci-dessus qui étaient très difficiles d'approche car mis en page en un seul bloc de texte. S.V.P., ajoutez des sauts de paragraphe à vos différents messages sur le forum afin de faciliter la lecture pour les visiteurs. Merci!