Dom Guillaume Chevalier face au Jésus de l'EMV

On connait les 3 articles de Dom Guillaume Chevallier concernant l'œuvre valtortienne du fait de leur relative visibilité sur internet. Nous nous intéresserons ici plus particulièrement à celui qui traite de l'inspiration, non sous un angle théologique du fait que nous ne sommes pas un théologien, mais plutôt sous un angle se voulant anthropologique, psychologique et même osons le risquer: "un brin" clinique. 

Ce faisant, hors de question ici d'attaquer l'homme qui est, sur le terrain un prêtre que je sache fort dévoué à ses ouailles, n'hésitant point à bénir festivement leurs animaux domestiques, moutons, chiens, lapins, poules et j'en passe. Il m'importe ici au plus haut point de demeurer respectueux et fraternel, afin d'éviter autant qu'il m'est possible, d'accroître maintes divisions intra ecclésiales présentement fort déplorables, menaçant d'ailleurs comme on le sait de l'intérieur la très fervente communauté sacerdotale à laquelle il appartient. Dom Guillaume ne peut pas ne point en être plus ou moins affecté/concerné.

Non sans une petite pointe d'humour je commencerai par comparer Dom Guillaume devant l'impressionnante figure du Jésus de l'EMV à Dom Juan dans le célèbre drame de Shakespeare, lorsqu'il affronte avec une fougue toute juvénile l'imposante statue du Commandeur. On sait ce qu'il en advint! 

Dom Guillaume dans sa Conclusion à l'article avoue sa profonde inquiétude face au Jésus de Maria qui met sa foi en péril, perturbe ses oraisons, risque d'impacter négativement ses accompagnements spirituels/pastoraux, constitue un danger dans sa conception et son rapport à l'Eglise. Ce Jésus va contre la nature de sa foi et le sentiment de sa réalité s'impose tellement à lui qu'il se sent comme abusé, manipulé, violenté dans son humanité, dans son identité, dans sa liberté. Il vit cette figure prophétique comme un risque majeur d'effraction dans son organisation psychique.

On comprend dès lors qu'il mobilise toute sa violence d'homme pour tenter de sortir indemne de ce qu'il vit fantasmatiquement comme un risque d' emprise qu'il va finir par diaboliser. Il va projeter ce risque sur ses ouailles qu'il va ainsi mettre en garde.

Cette manière de réagir d'une jeune prêtre fervent, fort respectable, est des plus intéressante au plan clinique car elle nous révèle la puissance phénoménale du Jésus de l'EMV et la manière dont un frère en humanité peut y faire face défensivement, par une intellectualisation (Recours à une théologie de pacotille) permettant d'instaurer de la distance protectrice vis à vis de ce qui est vécu fantasmatiquement comme une figure de "commandeur" à la Dom Juan, ce que le Jésus de l'EMV n'est évidemment pas.

Dom Guillaume se défend bec et ongles contre le Jésus qui foudroya Paul sur la route de Damas, éprouvant un risque majeur pour la paisible organisation de ses représentations religieuses et même pour son identité même de théologien
violemment bousculée par le Jésus des Carnets, effectivement sans pitié pour lui, comme si, avant même sa naissance, Jésus l'avait repéré pour remettre puissamment, prophétiquement en question certains aspects ou certaines modalités de son fonctionnement sacerdotale très/trop sûr de lui, de soi.

Pour éviter d'entendre alors: " Guillaume, Guillaume, pourquoi me persécutes-tu?" notre cher frère Guillaume se bouche équivalemment les oreilles en souhaitant que l'œuvre valtortienne ne soit qu'un "roman"!

En réagissant de cette manière Dom Guillaume Chevalier valide inconsciemment mais effectivement ce que nous dit l'immense penseur qu'est Bruno Latour sur le Dieu barré des modernes qui se sont construit un Dieu enfin supportable du fait qu'il n'interviendrait plus prophétiquement, phénoménalement mais nous laisserait tranquilles, un Dieu sur mesure, n'agissant que dans l'intime des cœurs, un Dieu silencieux, discret, impuissant, BARRE!