Incarnation de Dieu et de Satan ? hybridation ? Disco hyperboliques de Jésus ?

Bonsoir,

L'Incarnation du Verbe Éternel ne fait aucun doute pour notre foi chrétienne, ce qui n'empêche pas qu'elle puisse poser un problème insurmontable à notre entendement : personne en effet n'a pu, ni ne pourra jamais expliquer comment Jésus peut être pleinement Dieu, et tout autant et simultanément pleinement Homme depuis sa sainte Conception du Saint-Esprit en Marie toujours Vierge... C'est un mystère dont on peut parler à l'infini, sans pouvoir à proprement parler "l'expliquer", même si la Christologie nous donne des bases sûres et certaines pour y croire de tout notre cœur.

- Une des principales caractéristique de cette Incarnation est un miracle insondable : en devenant Homme, le Verbe Dieu, Fils du Père, reste pleinement ce qu'Il est de toute éternité, SANS pour autant consumer la nature humaine qu'Il assume à la perfection : il n'y a pas destruction, éclipse de l'humanité de Jésus au profit de sa Divinité, mais union sans division ni confusion, ce qui est proprement miraculeux, vu l'écrasante supériorité du Feu de la Nature Divine.

Et c'est ainsi que Dieu infiniment bon, que Dieu Amour se manifeste : Il ne détruit pas, Il s'unit. Voyant donc un Homme parfait, semblable à nous, tout en Lui nous amène à croire qu'Il est également Dieu parfait : ses Paroles et ses actes. 

Ce n'est donc pas un hybride entre Dieu et un homme, puisqu'Il est pleinement l'un et pleinement l'autre. 

- Si par contre Satan peut lui-aussi s'incarner, c'est-à-dire entrer en possession absolue et parfaite d'un être initialement uniquement humain, de sorte que l'âme de ce malheureux ( Judas, au terme des trois années de la Vie publique ) possède en propre, par nature, toutes les caractéristiques de Satan, 

il ne le fait qu'en détruisant cette personne de font en comble, en la dénaturant. 

De sorte que nos yeux, voyant une véritable loque d'être humain, dont l'horrible enveloppe charnelle ne sert plus que de réceptacle à Satan lui-même, qui a annihilé l'âme du malheureux en la faisant une avec lui, nous comprenions que derrière cette apparence d'homme, il n'y a plus spirituellement parlant QUE Satan, incapable de respecter ce qu'Il possède. 

Il y a donc un point commun entre les simples possédés et Judas, véritable incarnation de Satan, ce sont bien des hybrides, comme le dit Jésus à Maria Valtorta, car :

- on ne peut plus qualifier les premiers de "simples êtres humains" ni de "purs démons" ( ils sont hybrides, entre les deux, Dieu imposant encore une limite à leur possession )

- on ne peut pas dire non plus que le démon-Judas ait perdu jusqu'aux moindres apparences d'un être humain, même si dans les faits, il est un avec Satan dont il est l'incarnation : c'est un hybride monstrueux entre le Mauvais Esprit et le reliquat vide de l'homme qu'il était, et que Dieu a véritablement du abandonné à l'Ennemi.

Il n'y a donc aucune erreur ni exagération dans les explications qu'en donne le Christ dans l'oeuvre de Maria Valtorta. 

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L'objection est ici évidente : "Oui, mais Jésus parle un langage hyperbolique ! On ne doit pas croire que Judas était réellement un démon."

Mais cela ne tient pas devant un examen minutieux. En effet, prenons un exemple, dans lequel Jésus parle en hyperbole : "Si ta main droite est pour toi une occasion de péché, coupe-la ( ... ) "

Ici :
- Jésus évoque une situation véritablement  cauchemardesque ! Se couper une main, s'arracher un œil... Cette situation est bien possible matériellement ! Mais ce serait un pur cauchemard ! Jésus en aucun cas ne nous demande de l'envisager. 

Et cependant, nous faisant frissonner à la penser de ce pur cauchemard qu'Il ne souhaite à personne, Il nous certifie par sa science divine que ce serait comme un paradis par rapport à la situation d'horreur absolument effroyable qui serait de tomber en enfer ! 

Donc en réalité, Jésus ne fait pas ici appelle à une quelconque exagération : il évoque un pur cauchemard ( qui pourrait réellement arriver sur terre ) pour nous dire qu'un autre cauchemard le surpasse infiniment en horreur ! Ce n'est donc pas à proprement parler une "hyperbole", mais une tentative de nous faire réaliser l'horreur d'une réalité à éviter, qui dépasse toute notre imagination. 

C'est exactement le même procédé, lorsqu'il déclare qu'il vaudrait mieux être jeté au fond de la mer attaché à une meule,  que de scandaliser un seul de ces petits : cette description d'une situation cauchemardesque, qui pourrait bien arriver matériellement, renvoie à exactement la même chose que dans l'exemple précédent. 

Ici comme là, Jésus se montre d'un absolu réalisme, et il n'y a rien d'étonnant à cela : la Vérité est nécessairement réaliste. 

Ainsi, il est à exclure que Jésus sorte le moins du monde du réalisme qu'exige la Vérité, lorsqu'Il dit que Judas est un démon, et qu'il aurait mieux valu pour lui de ne pas exister. 

Impossible d'envisager une seule seconde que cela soit faux ou exagéré, puisqu'alors, Jésus aurait été en situation d'injurier très gravement et donc injustement Judas en portant définitivement atteinte à sa réputation, et de risquer par là de le conduire à un complet désespoir, s'il venait à apprendre les propos du Maître le concernant, et donc de manquer terriblement à sa Mission de Sauveur de tous les pécheurs y compris Judas ! 

Si Jésus dit cela, c'est donc qu'il n'y a plus rien à faire. On ne peut plus espérer expulser Satan de Satan lui-même, or tel est le démon-Judas.

C'est donc une fausse piste de vouloir faire mentir :
- les saints Evangiles
- et l'oeuvre de Maria Valtorta, 
ou de dire qu'ils sont exagérés, dans le seul but d'invalider ce que la peur humaine tente de croire impossible : l'incarnation de Satan en un reliquat d'être humain. 

En effet, si Dieu Lui-même dit que c'est possible dans les saints Evangiles et dans l'EMV, c'est nécessairement que cela l'est. 

Que le bienheureux Allegra, qui par ailleurs avouait chercher la solution à d'autres questions concernant l'oeuvre, n'ait jamais remis en doute ce point précis, est également un indice qui devrait en persuader quelques-uns de rentrer dans une foi plus vraie et entière dans les saints Evangiles.

Je livre à votre réflexion deux éléments qui confirment le précédent exposé.

1 ) Le premier s'appuie sur les quatre Évangiles. Jésus y parle très souvent par des "constats de vérité" ( ou d'existence ), qui ne sont jamais exagérés. Par exemple :
- Ceci est mon Corps, Ceci est mon Sang
- Avant qu'Abraham fut, Moi, Je suis.
- Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie
- Le Père et Moi, nous sommes un.
- En vérité, en vérité Je te le dis : aujourd'hui, tu seras avec Moi dans le Paradis.
- Celui qui croit en Moi, même s'il meurt, vivra.
Etc...
Si Jésus exagérait pour un seul de ces constats de vérité, alors il n'y aurait plus dès lors aucune raison valable de Le croire sur parole, et les protestants seraient justifiés d'avoir abandonné la foi catholique en la transsubstanciation eucharistique. En effet, dans ces conditions, lorsque Jésus dit : "Ceci est mon Corps", on n'a plus aucun moyen de savoir s'il "exagère" ou non !

L'objection arrive ici : "Oui, mais lorsque Jésus dit que Judas est un démon, et qu'il eut mieux valu pour lui de ne pas naître, c'est sous le coup d'une très forte émotion, ce qui explique qu'Il puisse alors un peu exagérer ! "

Cette analyse se casse vite la figure : car si elle était valable, elle le serait dans les deux sens, négatif ET positif.

Ainsi, lorsque Jésus tressaille d'allégresse sous l'action de l'Esprit-Saint, cela le porterait certainement aussi à exagérer ses propos : et c'est bien le cas ! Comment croire en effet que Dieu se plaise à ce petit jeu de cacher aux sages et aux intelligents ce qu'Il révèle aux tout-petits ?? C'est aux sages et aux intelligents qu'Il se révèle, les tout-petits restent dans leur ignorance et ne comprennent rien à rien, voyons !...

Exactement pareil pour les beatitudes, qui ne serait que pieuses promesses impossibles à tenir, faites dans un moment de grande joie : personne ne sera appelé "Fils de Dieu" ni n'hésitera du Royaume des cieux simplement pour avoir été artisan de paix ou avoir été pauvre de cœur !
Fin du second degré : tout ceci est absurde. Lorsque Jésus constate la réalité de quelque chose, qu'il soit triste ou dans l'allégresse : c'est toujours vrai.
" Le ciel et la terre passeront , mais mes Paroles ne passeront pas."

2 ) Le deuxième élément est tiré de l'oeuvre de Maria Valtorta. Et en le lisant, on ne peut conclure que ceci :


- Soit Judas est bien devenu l'incarnation de Satan, étant devenu une même chose avec lui - ce qui est dit explicitement dans les quatre Evangiles-
- soit les révélations de MV sont fausses, car c'est ce qu'elles affirment indubitablement.


Ce passage où Judas, après avoir été accusé de mentir, livre son coeur tel qu'il est aux autres apôtres médusés et profondément choqués, qui n'en croient pas leurs oreilles, se situe dans le tome 5, peu après la défection de nombreux disciples lors du Discours du Christ sur le Pain de Vie :

"Mais l'Enfer existe-t-il réellement ?" demande l'Iscariote.          

"Mais que dis-tu ?" demandent ses compagnons scandalisés.          

"Je dis : existe-t-il vraiment ? Moi, je n'y crois pas, et je ne suis pas le seul[4]."           

"Païen !" crient-ils avec horreur.        

"Non. Israélite. Nous sommes nombreux en Israël à ne pas croire à cette blague."     

"Mais alors comment fais-tu pour croire au Paradis ?"           

"Et à la justice de Dieu ?"     

"Où mets-tu les pécheurs ?"  

"Comment expliques-tu Satan ?" crient-ils nombreux.            

"Je dis ce que je pense. On m'a reproché; tout à l'heure, d'être un menteur. Je vous montre que je suis sincère, même si vous en êtes scandalisés et si cela me rend odieux à vos yeux. Du reste je ne suis pas le seul en Israël, depuis qu’Israël a fait des progrès dans le domaine de la science par ses relations avec les hellénistes et les romains, qui sont de cet avis. Et le Maître, le seul dont je respecte le jugement, ne peut le reprocher ni à moi ni à Israël, Lui qui protège les grecs et les romains et en est ouvertement l'ami... Moi, je pars de ce concept philosophique : si tout est contrôlé par Dieu, tout ce qui est fait par nous est le fait de sa volonté, et par conséquent Il doit nous récompenser tous de la même façon puisque nous ne sommes que des automates mus par Lui. Nous sommes des êtres privés de volonté. Le Maître le dit aussi : "La Volonté du Très-Haut. La Volonté du Père". Voilà l'unique Volonté. Et elle est tellement infinie qu'elle écrase et anéantit la volonté limitée des créatures. Par conséquent aussi bien le Bien que le Mal, qu'il semble que nous faisons, c'est Dieu qui le fait, car c'est Lui qui l'impose. Par conséquent, Il ne nous punira pas du mal et ainsi Il exercera sa justice parce que nos fautes ne sont pas volontaires mais imposées par Celui qui veut que nous les fassions Pour qu'il y ait le Bien et le Mal sur la terre. Celui qui est méchant sert pour l'expiation de ceux qui le sont moins. Et il souffre par lui-même de ne pouvoir être considéré comme bon et c'est ainsi qu'il expie sa part de faute. Jésus l'a dit. L'enfer est sur la terre et dans le cœur des hommes. Satan, moi je ne le sens pas. ( forcément, il est un avec lui ! ndm ) Il n'existe pas. ( croire en Satan, à ce stade : ce serait pour Judas croire en... lui-même ! ) J'y croyais autrefois, ( lorsqu'il était encore Judas, et non l'incarnation de Satan ) mais depuis quelque temps, je suis sûr que tout cela c'est de la blague. Quand on en est persuadé, on arrive à la paix."  

Judas débite ces... théories avec un tel aplomb qu'il en coupe le souffle aux autres... Jésus se tait, et Judas le taquine : "N'ai-je pas raison, Maître ?"      

"Non." Et son "non" est tellement sec qu'il semble une explosion.             

308> "Et pourtant moi... Satan, je ne le sens pas et je n'admets pas le libre arbitre, le Mal. Et tous les sadducéens sont avec moi, et avec moi il y en a beaucoup d'autres, d'Israël ou non. Non. Satan n'existe pas."    ( C'est la stratégie de Satan de faire croire qu'il n'existe pas )    

Jésus le regarde, d'un regard qui est si complexe que l'on ne peut l'analyser. C'est le regard d'un Juge, d'un Médecin, de quelqu'un qui souffre, qui est stupéfait... c'est tout à la fois...

Judas, désormais lancé, dit pour terminer : "C'est sans doute que je suis meilleur que les autres, plus parfait, que j'ai surmonté la terreur des hommes pour Satan."    

Et Jésus se tait. Et lui l'excite : "Mais parle ! Pourquoi n'en ai-je pas la terreur ?"      

Jésus se tait.          

"Tu ne réponds pas, Maître ? Pourquoi ? As-tu peur ?"          

"Non. Je suis la Charité. Et la Charité retient son jugement jusqu'à ce qu'elle soit obligée de le donner... Laisse-moi, et retire-toi" dit-il enfin parce que Judas essaye de l'embrasser, et il termine en un souffle, serré de force dans les bras du blasphémateur: "Tu m'inspires du dégoût ! Satan, tu ne le vois ni ne le sens car il n'est qu'un avec toi. Va-t-en démon !"        

Judas, effronté, le baise et rit, comme si le Maître lui avait dit en secret quelque louange. ( et donc, Judas approuve et confirme la véracité de ce que Jésus vient de dire ! Puisqu'il n'en conçoit aucune émotion personnelle car ce n'est pas pour lui une révélation, mais qu'il ne s'occupe que de mentir aux autres ) Il revient vers les autres qui se sont arrêtés abasourdis, et il leur dit : "Vous voyez ? J'ai su ouvrir le cœur du Maître et je le rends heureux parce que je Lui montre ma confiance et j'en reçois une instruction. Vous, au contraire !... Vous n'osez jamais parler. C'est que vous êtes des orgueilleux. Oh ! moi, j'apprendrai de Lui plus que tous. Et je pourrai parler..."

L'orgueil imbattable de Lucifer...


Devant ce passage glaçant, il y a deux interprétations possibles :


- soit Judas ne se rend pas compte qu'il est devenu l'incarnation même du démon, ce qui expliquerait qu'il ne croit plus à l'existence de Satan. 
- soit : tout le discours de Judas est un continuel mensonge, et il est pleinement conscient de qui il est devenu.


La première interprétation ne tient pas, car alors, Judas aurait été étonné des Paroles de Jésus à son encontre, étonné de ne pas recevoir un véritable enseignement pour le corriger. De plus, si comme Jésus le dit, il est un démon, alors il est un avec le père du mensonge, il est tout à fait normal qu'il ne dise rien de vrai.

@Judas dit : "Nous sommes des êtres privés de volonté. Le Maître le dit aussi : "La Volonté du Très-Haut. La Volonté du Père". Voilà l'unique Volonté. Et elle est tellement infinie qu'elle écrase et anéantit la volonté limitée des créatures".
 
- Non Judas, la Volonté divine n'écrase pas, n'anéantit pas la volonté humaine, elle s'y substitue sous le mode d'une fusion d'Amour de désir, seulement quand la volonté humaine a tout demandé et tout offert à Dieu, qu'elle s'est offerte, dès cette terre, à laisser venir vivre la Volonté Divine dans l'âme humaine qui ne pourra plus, au Ciel, que vivre en Dieu. 

Comme la nature humaine du Christ n'est pas anéantie par la Volonté divine en Jésus, notre volonté humaine - quand elle ne veut plus que la seule Volonté divine, est infusée, non détruite, dans la volonté divine. De sorte que la Volonté divine peut vivre en l'homme, même pécheur, le péché originel se trouvant dans la seule volonté humaine. 

Cette vie des volontés humaine et divine vécue par intermitence sur la terre est le préalable à la Vie du Ciel où l'unité est effective.

- "Par conséquent aussi bien le Bien que le Mal, qu'il semble que nous faisons, c'est Dieu qui le fait, car c'est Lui qui l'impose". 

- Non Judas, Dieu ne veut et ne fait que le bien en nous, et ce bien est total quand la volonté humaine s'est totalement donnée à la volonté divine. C'est parceque la volonté de Dieu n'est pas pleinement établie dans la volonté humaine, que l'âme -même sainte- peut encore se désoler de "faire le mal qu'elle ne veut pas et de ne pas faire le bien qu'elle veut". 

Dieu n'impose que ce qu'Il est : le bien infini qu'Il est. L'âme divinisée qui possède Dieu au Ciel possède son unique Volonté, car il ne lui est plus possible de vouloir autre chose que la Volonté de Dieu. Cet état fut celui d'Adam, de Jésus et de la sainte Vierge sur la terre. 

Par l'exercice de la volonté humaine de ne vouloir que la Volonté de Dieu, ce qui définit le plus grand Amour de la créature pour son Créateur, l'homme pécheur s'exerce à l'incorruptibilité de la Vie du Ciel. Le désir d'immoler sa propre volonté est la condition de la vie dans la Divine Volonté : notre choix et notre liberté restent donc entiers. C'est le choix de l'humilité. 
Quel beau passage de l'Oeuvre nous offres-tu là, André ! 

Mais Judas s'est damné... Ce qui veut dire qu'il se rendait parfaitement compte de son péché d'orgueil de ne vouloir, finalement, que sa volonté propre, quand la volonté divine l'aurait sauvé de l'enfer éternel. Il a fait sa volonté et s'est offert le "luxe" de mettre Dieu à mort. 

Une leçon à retenir sur ce dont est capable la volonté propre quand elle ne cherche pas son anéantissement dans la Volonté de Dieu...

Merci, cher Jean-Yves, pour ces bons commentaires si appropriés, sûrement inspirés par les écrits de Luisa Piccaretta !

Voici quelques savoureuses citations de la "Vie du petit saint Placide" imaginée et illustrée par soeur Geneviève Gallois, bénédictine.

Comment petit Placide est heureux... car à mesure que l'on avance dans la bonne voie et dans la foi, le coeur se dilate, et l'on se met à courir la voie des préceptes de Dieu avec une ineffable douceur d'amour. ( regle de saint Benoît). Le cul de jatte issu du péché originel saute maintenant sur ses pieds. Tout le cassé est rabouté ; tout le démanché est remboîté . Petit Placide retrouve l'intégrité de son être ; une joie immense le soulève ; il bondit dans sa cellule. Ambulabam in latitudine torrente voluptatis potabis eos ))

Petit Placide délie ses Energies, Combative et Absolue :
"Allez à la rencontre des mille Volontés de Dieu pour les embrasser intimement et vous perdre en elles. Que si la chair et le Démon vous font obstacle, passez-les au fil de l'épée. "
Voilà ce que c'est que d'accomplir et parfaire la Consécration et Appartenance au Dieu Souverain, voilà ce qu'est la Penitence : l'Amour qui se débarrasse de ce qui le gêne.

L'une des Volontés de Dieu : le travail. 1 ) obéissance au commandement : Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. 2 ) la nécessité : qui ne travaille pas ne mange pas. 3) Le travail canalise, dans l'obéissance, les énergies désordonnées; à tout instant il arrache le moine à l'esclavage de lui-même ; il sert de déversoir au trop plein du dynamisme, les bouillonnements intérieurs. Il capte l'énergie désordonnée dans le canal de l'obéissance, il est la forme la plus frequente de l'obéissance, la façon la plus facile d'échanger notre volonté contre la Vie Divine. Il est une détente aux deux autres formes de travail : l'Opus Dei, et l'ascèse intérieure. Quand il n'y a pas ces 3 genres de travail, il y a le travail du chapeau : c'est immanquable.

Petit Placide ne fait-il donc que des besognes "basses et abjectes " comme disent les livres ? Qu'importe ? Eut-il bâti des cathédrales, est-ce cela qui fait l'homme ? L'activité humaine, fut-elle sublime, est une boue à côté de l'Activité Divine que Dieu vit en nous. C'est cela qui fait l'homme.

"Petit Placide, as-tu un coeur ?
- Oui, Seigneur, je le sens qui bat, toujours souple,toujours en son Aurore, toujours ouvert à la Sève Divine.
- Viens donc, fils très cher, et je te conduirai dans le Saint des Saints de mes secrets, où ne peuvent entrer les sclérosés, coupés d'avec la Source de Vie.

" Mon Divin Coeur, par qui je vis et par qui tout vit.
En dehors de cet Amour qui précipite MOI en MOI, et qui précipite en MOI ma Créature faite à mon image, en dehors de cet Amour c'est la Mort ".
Petit Placide est absorbé par le Mystère de la Vie.
Accedit ad Cor Altum. Dans le silence de cet Abîme, il palpe l'élan incessant qui part de son cœur, et se précipite vers sa Source et sa Fin. Aucune assise en lui-même. Le Moi retombe mort. Voilà donc la Vie. Qui dira la puissance de cet Acte Vital, et sa Paix et sa Béatitude !

(...) car déjà les saintes larmes coulaient des yeux de Petit Placide. "Crainte" parla :
"Si tu savais le Don de Dieu, et que tu le portes en un vase fragile ! Crains de le perdre. Crains comme l'enfer ta volonté propre, qui est la primeur de l'enfer."
"Force" parla :
"Laisse tomber tes pauvres énergies, c'est moi qui suis ta Force. Tous les Dons sont ordonnés à une Vie héroïque : nous emportons celui que nous possédons, au-delà de l'humain. Petit Placide eut un frisson, quelque-chose comme de tomber du 5eme. Mais une Élément, une Puissance s'interposa :
"Ne crains pas, tu tombes en Dieu ".
O Paix ! O Sessio ! O laeta quies de celui qui s'est laissé tomber en Dieu.
- "Seigneur, j'ai épuisé l'Admirabile Commercium ; qu'ai-je à faire encore sur la terre ? "

(...)
Petit Placide devient tout raminci, pas plus gros qu'un petit hareng saur. C'est cela l'humilité : la vie propre qui s'effrite sous le torrent démolisseur de la Vie Divine.

(... ) Il lut encore : "L'homme fort est celui qui s'est enfoncé profondément dans la faiblesse du Christ.". Écroulement de la force factice, du "Plein de sois", de l'agitation ridicule de la fourmi qui croit bâtir le monde. Tout anéanti, il dit : "Seigneur, je ne peux plus rien. "
- Sufficit tibi, Placide, gratia mea." Et à mesure que s'écroulait la force humaine, la Force de Dieu le remplissait.

Mouxine @ Jean-Yves, a dit :

Il y a une leçon de l'imitation de Jésus-Christ que j'aime beaucoup :

Mais bien qu’en général nous soyons tous fragiles, Tu n’en dois croire aucun si fragile que toi. (chapitre 2 de l'imitation)

Bonjour Maxime, je reprends le dernier commentaire que vous m'aviez envoyé, auquel répond si bien "le petit Placide" d'André. C'est remarquable comme il n'y a rien de nouveau sous le soleil ... de Dieu.

C'est vrai que l'homme est de "la plus grande fragilité" et que l'Imitation fait bien de nous avertir de bien se connaître. Mais l'Imitation s'adresse à l'homme qui se conduit par les vertus (ce qui est déjà d'un grand mérite et une grande grâce). Mais dans le plan de Dieu la sainteté des vertus laisse place, à un moment donné de l'Histoire de l'Eglise et du monde, à la sainteté dans la divine Volonté qui en est le prolongement, le courronnement. 

Le "Je puis tout en celui qui me fortifie" (Philipiens 4:13) de Saint Paul, apôtre des nations dont il est prophétisé la fin, constitue le principe d'une nouvelle sainteté qui était enclose dans la prière de Jésus : "Que votre règne vienne, que votre Volonté soit faite sur la terre" (comme elle est faite au Ciel). 

On ne peut acquérir ou accepter un bien que l'on ne connait pas. l'EMV est tout entier pour connaître avec une exactitude jamais atteinte, le Bien éternel qu'est Jésus (... et l'insondable Vierge Marie), afin de savoir à qui l'on peut abandonner totalement sa volonté propre. Tout le bien apporté par Maria Valtorta dans son rapport exact des scènes de l'Evangile auxquelles elle assista et qu'elle retranscrivit fidèlement sous la motion du Christ, ce bien incalculable réside dans une connaissance décuplée de l'humanité de Jésus Chemin, Vérité et Vie de l'Eglise mystique dont nous sommes les membres. 

Si l'Evangile a été annoncé de nouveau avec cette précision, c'est pour mieux et suffisament connaître le Bien qui est maintenant offert à l'humanité qui n'aura pas d'autre ressource, pour se sauver des sophismes et des séductions de l'Antéchrist, de s'abandonner à la volonté contraire de Son adversaire : celle du Christ.