Jésus peut-il plaisanter ?

Dans l'Evangile tel qu'il m'a été révélé (EMV 199.9, anc. T. 3, chap. 60) il y a un passage qui choque énormément les opposants à l'œuvre de Maria Valtorta :

199.9 Jésus se lève et appelle d’une voix forte :

      « Simon, fils de Jonas, viens ici ! »

      Pierre sursaute et monte en vitesse l’escalier :

      « Que veux-tu, Maître ?

      – Viens ici, usurpateur et corrupteur !

      – Moi ? Pourquoi ? Qu’ai-je fait Seigneur ?

      – Tu as corrompu ma Mère. C’est pour cela que tu voulais être seul. Qu’est-ce que je dois te faire ? »

      Mais Jésus sourit et Pierre se rassure.

Les opposants y voient une attitude déplacée.
Comme le montre la suite du texte, Jésus se réjouit parce qu'il voit que Pierre, le futur Pontife, a eu la révélation du pouvoir d'intercession de Marie. Il se réjouira de même lorsque, sous l'action de l'Esprit-Saint, Pierre confessera que Jésus est Fils de Dieu.
Mais cette fausse indignation que l'on pratique entre bons amis est-elle, à votre avis,  acceptable venant de Jésus ?

Bonjour.
Je suis un grand amoureux de l'œuvre de Maria Valtorta.
Le passage cité au-dessus est justement un des rares qui m'aient choqué,
et c'est vrai, je ne suis jamais arrivé à pouvoir mettre ces mots dans la bouche de Jésus.
Cela ne m'a jamais amené à remettre l'œuvre en question.
J'en parlais récemment sur le forum "l'imitation de Jésus-Christ" avec @Anayel
qui vient d'y annoncer  la renaissance de votre forum.

En somme, disais-je, peut-être que je manquais moi-même d'humour sur ce sujet.
Je comprend l'humour dont a pu faire preuve le maître envers un apôtre
mais les mots sont un peu durs, voire tranchants.
Quand je les lis, mon coeur fait un bond comme celui de l'apôtre qui les entend.
Puis, je me dis que je comprendrai mieux plus tard.

De fait, en écrivant ici  il me vient l'idée suivant qui me semble sage:
Peut-être fallait il que Pierre souffre quelques reproche
à cause de son manque de compréhension de la grandeur et de la joie du célibat consacré
qui plus tard deviendrait règle pour les prêtres,
A cause de son manque de vision  et de juste évaluation de la Paternité Spirituelle à venir.
Mais en lisant on voit la compassion de Jésus pour la faiblesse de la chair et il unit Pierre Porphyrée et Margziam en une même famille.
Je ne peux pas envisager une seule seconde me priver de la source de joie,
de paix et d'édification qu'est ce récit  à cause de quelques lignes qui me troublent.
D'autant plus que je sais qu'il y a un humour évident dans ces mots
bien qu'ils soient  étonnamment tranchants.

En définitive, j'ai reconnu la source Divine de l'œuvre de Maria Valtorta,
et je ne m'en laisserai pas détourner   par mon propre jugement péremptoire
envers le Seigneur Jésus.
Car si c'est Lui que l'on trouve dans cette œuvre, C'est lui que l'on aime dans cette œuvre.
C'est aussi Lui qu'on peut avoir la folle audace de juger en la lisant.
Je ne prends pas ce risque car j'ai versé trop de larme de bonheur en lisant Sa Vie,
relatée par Maria Valtorta.


Bonne journée à tous!

Bonjour François-Michel, bonjour Sofoyal,

Au contraire de Sofoyal, je n'ai jamais mal vu ce passage : en fait, il m'a toujours fait sourire.

Peut-être est-ce parce que j'ai cru, dès ma première lecture, que Jésus était "content" de faire plaisir à Pierre par l'entremise de sa Mère.

Quand il l'appelle et dit : "Viens ici, usurpateur et corrupteur !", j'ai toujours eu l'impression que Jésus disait cela sur un ton amusé, et en même temps sérieux. Comme s'il aurait dit cela avec un sourire en coin. Ca ne m'a donc jamais choquée a priori.

Je profite de ce sujet pour rajouter un détail de Maria Valtorta, que Sofoyal avait relevé dans une de nos conversations.
Elle parle de Jésus et dit dans le tome 4 :

"...Et ainsi je ne puis dire l'avoir jamais vu s'abandonner à une gaieté excessive. Pas étranger à un franc éclat de rire, si les circonstances le demandent, il reprend tout de suite après sa sérénité pleine de dignité. Mais quand il rit, il rajeunit prodigieusement au point de prendre le visage d'un jeune de vingt ans et il semble que le monde rajeunisse par l'effet de son beau rire franc, sonore, nuancé.

Je trouve que ça nous donne un beau portrait de Jésus

Fraternellement,
Anayel

Bonjour @Anayel!
Bien que les mots d'usurpateur et de corrupteur me fassent toujours sursauter ,
je n'ai jamais douté, comme toi,
que Jésus, le Sauveur, prit plaisir à faire plaisir à Pierre
en donnant Margziam à son épouse et à lui.
Je suis même certain que son jugement fin et parfait l'avait prévu et planifié
avant même que Pierre n'eut exprimé son désir.

Je te souhaite une excellente semaine!

Bonsoir,
Pour ma part, c'était un vrai ravissement de voir l'attitude de Jésus dans ce passage.
Peut-on parler d'humour ? sans doute puisqu'il sourit après avoir fait peur à Pierre. Mais en fait, il ne simule rien car il est la Vérité et il dit la vérité en choisissant les mots pour désigner l'attitude de Pierre qui a trouvé le point faible pour obtenir que Dieu change sa Volonté pourtant clairement exprimée précédemment de ne pas lui confier un enfant, afin de le garder tout entier pour la mission. Mais Le Seigneur sait changer ses plans quand Il en profite pour révéler une grande vérité = le coeur de Marie a tout pouvoir sur son Coeur, car elle sait trouver un arrangement sans contrarier les plans de Dieu.

Pour ma part, j'aurais aimé voir le sourire et entendre les éclats de rire de Jésus que Maria décrit plus loin ! J'aimerait le voir plus jovial et il y a bien peu de situations dans l'œuvre de Maria Valtorta où Jésus se permet cela, tellement il était accablé par sa mission de rédempteur.
Et ce n'est hélas pas maintenant à notre époque qu'Il trouverait matière à se réjouir de cette manière. Il faudra attendre sans doute l'ère de paix ...

Il me semble qu'il y a un autre passage où Jésus fait preuve d'un certain humour : dans l'épisode de la syro-phénicienne.
En calant son attitude par rapport au mépris des apôtres pour les habitants de cette contrée, il les pousse à changer d'avis et le supplier de faire grâce à cette femme qui les harcelle de ses supplication et leur casse les oreilles. Quand enfin il estime que la leçon a assez duré, il se retourne souriant et accorde le miracle, rayonnant de la joie de la Foi humble et grande de cette étrangère qui se compare elle-même à un petit chien à la table des maîtres (que sont et se croient les juifs en matière spirituelle (et les apôtres)).
On peut dire que Jésus s'est gentiment moqué des préjugés des apôtres en leur donnant cette leçon.
Mais l'humour de cette situation n'a pas du tout été rendue dans les textes des évangiles canoniques, si bien que ce passage est même gênant et choquant tellement il dénote de l'attitude douce et miséricordieuse de Jésus ailleurs...
Qu'en pensez-vous ?

Bonjour Dominique.

En effet Jésus fait preuve d' un humour formidable dans cet épisode.
(Formidable au sens de Grand)
C'est un humour de Maître;  Un humour souverain.
C'est une pure grâce Divine.
Si je me rappelle bien l'épisode, l'attitude désemparée de L'apôtre Jean
(qui ne comprends vraiment pas la façon d'agir de son maître),
nous fait aussi bien rire, nous qui savons par avance le fin mot de l'histoire.

Comme vous, j'aimerais entendre le rire sonore de Jésus.
Ces temps derniers, j'ai eu aussi le désir de l'entendre  chanter.
Ce serait quelque chose, ça!

Mais Il y a un temps pour tout dit l'écriture.
Et puisqu'elle dit vrai, il y a de l'espoir pour ces désir.

Au plaisir de vous lire.


*A propos de chant, j'ai composé une chanson basée sur un des épisodes de cette œuvre.
On y "entend" l'apôtre Jean chanter la Vierge Marie dans une barque avec quelques compagnons.
J'ai ajouter quelques mots, je crois, pour faire une chanson complète.
Je vous la laisse fraternellement ici:

Si cela peut vous consoler, mes amis, nous entendrons un jour Jésus rire au Paradis, quand il nous appellera au Ciel et que nous vivrons avec Lui, en Lui, par Lui.

En attendant, il est vrai que nous ne l'avons jamais entendu physiquement parlant, mais je crois que, quand l'âme est plongée dans les visions de Maria Valtorta, elle dessine avec netteté la scène qui se joue sous ses yeux.

Je n'ai donc pas entendu le rire de Jésus, mais je le vois se réjouir et rire de temps en temps avec ses apôtres, et rien que cette vision "spirituelle" me réjouit l'âme et le coeur.

Pour ce qui est de l'épisode de la Cananéenne, on a perdu tout l'aspect "pédagogique" de Jésus dans l'Evangile canonique. S'il a agi ainsi, c'était bien pour donner une belle leçon à ses apôtres (puisque ses disciples étaient énormément déçus et regrettaient que Jésus soit repoussé par le monde). C'est avec habileté, délicatesse et humour, si on veut, que Jésus renverse la perspective, et leur répète par trois fois que "qu'ici, il n'a pas été chassé, persécuté et maudit". Et cela donne un tout autre aspect à l'Evangile...

Fraternellement,
Anayel

Merci chers amis, François -Michel, Dominique, Anayel, Sofoyal, pour vos échanges très profonds sur un sujet en apparence peu théologique.

Jésus est Dieu; Il est donc parfait et ses paroles ne peuvent être que parfaites. Notre petitesse ne peut appréhender la dimension profonde
de ces paroles comme Pierre et les apôtres ont bien eu du mal à comprendre jusqu'à la Pentecôte.

J'ai été frappé dans l'oeuvre par l'humour et surtout la poésie de Jésus. Je ne me lasse pas de relire "une heure avec Jésus" et "une heure de préparation à la mort". Il y a bien d'autres passages où cette poésie s'exprime et elle rejaillie sur ses disciples; un exemple qui m'a beaucoup touché de Jean d'Endor avant sa mort dans une lettre qu'il écrit à Jésus : "Saintes paroles de Jésus, pain des exilés qui travaillent dans la vigne du Seigneur".

Deo gratias !

Jésus peut évidemment plaisanter, puisqu'il est vrai homme. Par contre dans la situation je ne comprends pas qu'il plaisante, je ne comprends pas que Jésus puisse ainsi bouleverser Pierre de façon absolument gratuite (même si très brièvement) pour seulement s'amuser lui. Il s'amuse en faisant souffrir, c'est celà qui ne va pas.

Ce type de plaisanterie, qui consiste à mimer le contraire du sentiment éprouvé, ne peut se pratiquer que dans un cercle amical parfaitement soudé.
Je l'ai pratiqué avec des petits enfants : "Bouh ! (il sursaute), je vais te manger ! (il rit)" C'est bien sûr classique mais enfantin. Qui ne l'a pas fait ! Cela ou d'autres choses.
Plus tard cela se pratique aussi dans la bande des potes où l'on mime, dans une joyeuse ambiance, la fausse colère ou le faux reproche grandiloquent.
Cela se pratique aussi au sein des couples les plus unis, dans le sourire.
Jésus sourit en faisant mine de reprocher sa conduite à Pierre, mais le texte l'évoque : il jubile de ce que le futur Pontife a saisi le pouvoir d'intercession du nom de Marie.

Je ne vois pas en quoi le fait que Jésus jubile justifie qu'il donne à son disciple pareil choc émotionnel. Pas sûr d'ailleurs que cela ait fait rire Marie...

Le "choc" me semble vraiment très limité quand on le dit en souriant.

quant à Marie, elle ne sourit pas, elle exulte à la confirmation de son intercession. Cela c'était déjà produit à la Visitation.

Le terme "choc" est peut-être excessif mais avant de le rassurer par un sourire Jésus joue à lui faire peur. Il le traite quand même d'usurpateur et de corrupteur, ce qui n'est pas rien. Il confirme en disant "tu as corrompu ma mère", ce qui est encore plus grave, puis le menace de sanctions "qu'est-ce que je dois te faire"? Cette plaisanterie n'est même pas drôle et blesse Pierre, certes fugitivement, mais de façon absolument gratuite. Je me mets à sa place: j'aurais été ébranlé d'entendre le Maître que je vénère me parler ainsi alors que je n'ai commis aucune faute, et je ne comprends pas que Jésus le fasse. 

J'en resterai là sur ce sujet car je n'aime pas trop les échanges ping-pong. Cordialement.

Oui, vous avez raison, j'ai réagi à titre personnel, mais j'aurais du mentionner le renouvellement de mon acceptation d'opinions personnelles différentes. Ce que je fais avec retard car cette omission était une vraie maladresse de ma part.

Merci à vous et  à bientôt sur d'auters sujets.

Bonjour,

Je tiens quand même à dresser le contexte qui entoure cette plaisanterie de Jésus.

Pierre désirait vivement un enfant. Très très très vivement. Il n'en avait pas eu avec sa femme, Porphyrée, mais c'était l'un de ses plus grands désirs. Quand le groupe apostolique recueille donc un petit orphelin, Marziam, Pierre ose exprimer son désir à son Maître.

     « Mais… à qui veux-tu le donner ? demande Pierre en tirant Jésus par la manche. À Lazare, lui aussi ?
      – Non, Simon. Mais il y en a tant qui n’ont pas d’enfants…
      – Il y a moi aussi… »
      Le visage de Pierre paraît maigrir sous l’effet du désir. (EMV 191.4)

Jésus lui répond aussitôt et sa réponse est claire, nette, précise.

      « Simon, je te l’ai dit  : tu dois être le “père” de tous les enfants que je te laisserai en héritage, mais tu ne dois pas avoir la chaîne d’un fils à toi. N’en sois pas blessé. Tu es trop nécessaire au Maître pour que le Maître puisse te séparer de lui à cause d’une affection. Je suis exigeant, Simon. Je suis exigeant plus que l’époux le plus jaloux. Je t’aime d’un amour de prédilection et je te veux tout entier pour moi et à moi.
      – C’est bon, Seigneur… C’est bon… Qu’il soit fait comme tu le veux. »
      Cette adhésion à la volonté de Jésus est héroïque pour le pauvre Pierre.
      « Ce sera l’enfant de mon Église naissante. D’accord ? Il sera à tous et à personne. Ce sera “notre” petit enfant. Il nous suivra quand les distances le permettront, sinon il nous rejoindra. Ses tuteurs seront les bergers, eux qui aiment dans tous les enfants “leur” enfant Jésus » (EMV 191.4).

Pierre reste quand même fort attaché à l'enfant et je vous invite à lire l'EMV 192, on voit dans ce chapitre toute son affection pour le petit orphelin.

Il obtient quand même de pouvoir s'occuper de l'orphelin et spécialement de s'occuper de sa tenue de fête, pour l'examen que Marziam devra passer au Temple. Quand Lazare propose de les aider, ce n'est donc pas à son goût :

     « Mais cet enfant t’occasionnera des frais ! Me permettrais-tu au moins…
      – C’est moi qui m’occupe de son vêtement de fête ! » s’écrie Pierre.
      Tout le monde rit de son impulsivité.
      « Très bien, mais il aura besoin d’autres vêtements. Simon, sois gentil. Moi aussi, je suis sans enfants. Permets que Marthe et moi nous nous consolions en lui faisant faire de petits habits. »
      Pierre, ainsi sollicité, s’émeut tout de suite :
      « Les habits… oui… mais le vêtement de mercredi, c’est moi qui m’en charge. Le Maître me l’a promis, et il a dit que j’irai avec sa Mère l’acheter demain. »
      Pierre dit tout cela par crainte de quelque changement à son détriment.
      Jésus sourit :
      « Oui, Mère. Je te prie d’accompagner Simon, demain. Sinon, cet homme va mourir d’angoisse. Tu le conseilleras pour le choix » (EMV 198.6).

C'est que Simon a largement prévu de parler de son amour pour l'enfant à Marie. Il l'a prévu et il veut être seul avec elle. Il sait très bien qu'elle est la faiblesse de Jésus. Et quand, finalement, Marie intercède pour Pierre, Simon de Jonas est loin tranquille : il tourne en rond et jette des regards en coin au Seigneur et à sa Mère.

Pierre fait les cent pas dans le sentier, levant très souvent la tête vers la terrasse où sont assis, parlant ensemble, Jésus et Marie. (EMV 199.7)

Conclusion : il est loin d'être innocent dans ses petites manigances, gentilles, certes, mais il a bien comploté pour avoir Marziam. Quand Marie commence d'ailleurs à lui en parler, le Christ n'est pas dupe et comprend tout de suite. Leur conversation commence ainsi et le Seigneur dit :

« Pierre est très bon. Pour lui, je ferais n’importe quoi parce qu’il le mérite.
      – S’il t’entendait, il dirait avec son bon sourire franc : “Ah ! Seigneur, ce n’est pas vrai !” Et il aurait raison.
      – Pourquoi, Mère ? »
      Mais Jésus sourit déjà car il a compris (EMV 199.8 ).

Je ne trouve donc pas que la plaisanterie de Jésus est totalement infondée. Quand il dit : "Viens ici, usurpateur et corrupteur !", il signifie, pour moi, qu'il est "usurpe" l'autorité de Jésus en le faisant céder par sa Mère ; il est corrupteur, parce qu'il a convaincu Marie de l'aider, alors que Jésus avait initialement d'autres plans pour Pierre, et elle comme lui le savaient. Toutefois, le ton de Jésus montre, pour moi, qu'il ne pense pas réellement ce qu'il dit, et qu'il taquine son apôtre. D'ailleurs, le Christ rit aussitôt après avoir dialogué avec son Simon de Jonas et il est content, très content qu'il ait découvert le pouvoir d'intercession de Marie :

Jésus se lève et appelle d’une voix forte :
      « Simon, fils de Jonas, viens ici ! »
      Pierre sursaute et monte en vitesse l’escalier :
      « Que veux-tu, Maître ?
      – Viens ici, usurpateur et corrupteur !
      – Moi ? Pourquoi ? Qu’ai-je fait Seigneur ?
      – Tu as corrompu ma Mère. C’est pour cela que tu voulais être seul. Qu’est-ce que je dois te faire ? »
      Mais Jésus sourit et Pierre se rassure.
      « Oh ! dit-il, tu m’as réellement fait peur ! Mais maintenant tu ris… Que veux-tu de moi, Maître ? Ma vie ? Je n’ai plus qu’elle puisque tu m’as tout pris… mais, si tu la veux, je te la donne.
      – Je ne veux pas t’enlever, mais te donner. Toutefois, n’abuse pas de ta victoire et n’en donne pas le secret à d’autres, homme rempli de fourberie qui triomphes du Maître par l’arme de la parole maternelle. Tu auras l’enfant, mais… »
      Jésus ne peut continuer car Pierre, qui était à genoux, saute sur ses pieds et embrasse Jésus avec une impétuosité telle qu’il lui coupe la parole.
      « C’est elle qu’il te faut remercier, pas moi. Mais rappelle-toi que cela doit être pour toi une aide, pas un obstacle…
      – Seigneur, tu n’auras pas à regretter ton don… Oh, Marie ! Sois toujours bénie, sainte et bonne… »
      Et Pierre, qui est retombé à genoux, pleure réellement en baisant la main de Marie… (EMV 199.9).

Est-ce donc une attaque gratuite ? Non.

Si Pierre se torture intérieurement, si Pierre sursaute, si Pierre n'est pas tranquille quand Jésus l'appelle, c'est de son propre fait. C'est parce qu'il est inquiet, parce qu'il sait que Marie intercède en ce moment-même pour lui. De plus, il a conscience qu'il est passé par des moyens "peu conventionnels" pour l'époque afin d'avoir un fils. Utiliser Marie pour faire céder Jésus, c'est une première. On peut donc croire aisément qu'il n'a pas la conscience tranquille, et qu'avoir un fils est néanmoins quelque chose qu'il lui tient à coeur.

Quand Jésus l'appelle, il sursaute, car il est déjà aux aguets et car il attend un signe du Maître et de sa Mère. On peut noter qu'il fait un bond alors que Jésus l'appelle seulement par son nom, "Simon de Jonas". Il n'y a pourtant pas de quoi en faire un fromage : on ne sursaute d'habitude pas quand nous appelle par notre prénom.

Ensuite seulement, Jésus lui dit qu'il est un "usurpateur et corrupteur". Attaque gratuite ou non ?

Jésus est la Sagesse éternelle, on peut donc penser qu'il ne dit rien vainement, et rien qui ne soit un mensonge, puisqu'il est la Vérité même.  J'ai déjà expliqué pourquoi Jésus prononçait ses mots ci-dessus (en tout cas est-ce mon interprétation), donc je n'y reviens pas.

En outre, s'il est Dieu, il est véritablement Homme, on peut donc croire que sa nature parfaite pouvait très bien avoir un peu le sens de l'humour, tout en ayant cette dignité qui lui est propre.

Jésus bouleverse donc Pierre pour quelques secondes ? Certainement, mais Simon de Jonas est déjà nerveux avant même de commencer et avant même que Jésus ne l'appelle. L'apôtre n'est pas tranquille depuis que Marie intercède pour lui, et une âme qui n'a pas la paix, même pour des raisons légitimes, est toujours plus susceptible d'être bouleversée par de toutes petites choses. Je pense donc que, quand Jésus le traite d'usurpateur et de corrupteur, Pierre doit pâlir et ne pas se rendre compte que Jésus n'est pas sérieux, car l'apôtre ne se sent pas innocent et doit penser qu'il a mal agi. Quand on est rempli de nervosité, on voit tout sous un angle différent, et on peut même prendre les plus petites plaisanterie comme la vérité-même.

Enfin, est-ce qu'on peut reprocher à l'Homme-Dieu d'avoir taquiné son apôtre ? Pierre va quand même contre son premier désir, et il le fait de manière un peu fourbe, à travers Marie. Pourquoi Jésus n'en serait-il pas content, lui qui confie toutes ses grâces à sa Mère ? Elle est quand même la Pleine de Grâce et son Premier Pontife a compris à quel point elle était puissante sur son Coeur. Il a de quoi exulter intérieurement, mais il est aussi en droit de le reprendre, même sous un trait d'humour, pour la manière dont Pierre s'y est pris en s'isolant avec sa Mère.

Pierre doit souffrir, oui, une poignée de secondes, à cause de sa nervosité préalable et à cause de la frousse que lui donne Jésus un instant. Mais ce n'est pas une véritable blessure, ni une véritable souffrance, car le sourire du Christ efface aussitôt ses peurs et ses angoisses. Jésus, donc, n'inflige pas le mal par malice, il ne le peut, puisqu'il est l'Homme-Dieu et que du Verbe découle tout bien. S'il poursuit en disant : "Tu as corrompu ma Mère" et lui demande "ce qu'il doit lui faire" en châtiment, cette "menace" (qui n'en n'est pas vraiment une) disparaît aussitôt par le sourire de Jésus et dissout enfin la nervosité de l'apôtre.

Il n'y a donc ni méchanceté, ni attaque gratuite, et Jésus ne s'amuse pas à le faire souffrir.

Si Pierre souffre une seconde, c'est avant tout parce qu'il est nerveux à mourir et qu'il prend dès lors tout au pied de la lettre, je pense. Jésus le permet mais dissout ensuite toutes ses peurs par son sourire et sa joie de le voir uni à Marie.

Fraternellement,
Anayel